Non, Valérie Trierweiler n’avait rien à dire de plus qu’elle n’ait narré dans son ouvrage Merci pour ce moment, et ne s’exprimerait dans aucun média. C’est en tous cas ce qu’avait annoncé son éditeur, porte-parole de la mutique tête de liste des ventes littéraires hexagonales. Pourtant, si les quelques 600 000 exemplaires du best-seller se sont vendus comme des bons petits pains français sans que leur auteur daigne accorder la moindre interview en nos frontières (excepté son employeur, le bienheureux Paris Match), il semble en être tout autrement en ce qui concerne la grande tournée internationale « Thank You for this moment » lancée ce week-end au pays de feu la princesse Diana.
Toute pomponnée en une du Times, Valérie princesse des cœurs, index sur ses lèvres vermillon, semble avoir emporté dans ses bagages quelques petits secrets d’alcôve à destination de ses fans britanniques, a priori largement plus accommodants que ses confrères de la presse française. Pour sûr, la femme trompée enfermée au Palais pendant que le vil monarque part trousser sa maîtresse dans un secret tout relatif, chez la Reine, on connaît. Et, Di-déification oblige, on n’apprécie pas vraiment. Raison pour laquelle, du Telegraph à la BBC en passant par le Times, les médias ont déroulé le tapis rouge à cette femme sexy, brillante, forte et admirable venue s’épancher sur l’odieux chef d’Etat du bout du tunnel.
>> Merci pour ce moment : 50 nuances de François Hollande <<
Tête penchée comme son modèle défunt, vêtue de satin pourpre à la BBC, Valérie Trierweiler a donc joué à Secret Girls tout le week-end sans esquiver. Oui, François n’est « pas beau », « assez petit, même », et avec « quelques kilos supplémentaires lorsqu’[elle] l’a rencontré ». Mais il est « drôle », et c’est ce qui l’a séduite lorsque, encore mariée, elle a finalement cédé à cette passion qui l’emportait. A ce moment de l’histoire, François aussi était en couple mais non, dans le cas de Valérie, il n’y a pas eu de trahison parce que « Ségolène savait » (sic), tout comme Denis, l’époux bafoué mais pas fâché. Mais comment a-t-elle pu tomber amoureuse d’un individu pareil, fat, menteur, égocentrique, grand gougnafier devant l’éternel ? « Il n’a pas plus de défauts qu’un autre Président », répond alors notre héroïne du jour, acceptant sans ambages les qualificatifs ainsi avancés.
S’il a été distrait dans sa fonction par sa vie amoureuse dissolue ? Bien sûr ! Et c’est aussi ce qui a choqué Valérie Trierweiler, par-delà la blessure de la femme trahie. « En tant que citoyenne », avoue-t-elle, regard franc face caméra, elle n’en est pas revenue que son compagnon d’alors délaisse le sort des Français (dont beaucoup avaient un emploi avant qu’il n’accède au pouvoir, et plus maintenant, prend-elle le soin d’ajouter) pour aller conter fleurette à une jeunette extatique.
Pourtant, les Français auraient été dégoûtés par cet étalage d’intimité sur la place publique, et l’honniraient depuis, interroge la journaliste de la BBC. « Non, je ne suis pas une paria », répond-elle à ces rumeurs. Au contraire, chaque jour, Valérie Trierweiler serait arrêtée dans la rue par des lecteurs (qu’on imagine lectrices) touchés par son sort, comprenant enfin son absence de sourire lors des événements officiels, sa morgue, et la tristesse d’une femme à laquelle son amoureux reprochera d’avoir mis des talons qui, lui, le font paraître plus petit. On appelle ça le « syndrome des winners », précise l'intéressée, celui qui fait perdre le sens des limites aux hommes de pouvoir.
Une histoire d’amour où passion, trahison et grande Histoire cohabitent, mais quel film incroyable cela ferait n’est-ce pas ? « On espère », répond Valérie Trierweiler, midinette, plongeant la main vers son iPhone pour montrer un cliché de Maya, la sublime girlfriend de son fils aîné. « Maya pourrait jouer mon rôle jeune, non ? », questionne la femme en pourpre, cabote, sous-entendant de surcroît que le biopic en question relaterait son existence des origines à nos jours. « Certainement », lui répond alors son interlocuteur du Telegraph, ajoutant que ce serait le cas de beaucoup de belles actrices, contrairement à Hollande, si… Et Valérie de reprendre la main, moqueuse : « Oui, ça n’est pas Cary Grant ».
Pourtant non, Valérie Trierweiler ne cherche pas à détruire son ancien amant. Ce qu’elle veut, c’est se reconstruire, elle.
Manifestement tout acquis à la cause de la belle Française aux « yeux couleurs ciel de Paris » (véridique), le journaliste du Times questionnera enfin la célèbre auteure sur sa situation amoureuse. Est-elle à la recherche de l’amour ? « Oh oui. Je suis de nouveau libre et je crois toujours à l’amour (…) Je ne suis pas trop vieille, qu’en pensez-vous ? », interroge une dernière fois la star de l’édition, manifestement prête pour de nouvelles aventures, fussent-elles hors frontières.
Traduit en douze langues, le brûlot hollandais débute tout juste sa tournée internationale. Après les Britanniques, ce sont des dizaines d’autres pays qui recevront les confidences de l’auteure de cette histoire « d’amour, de pouvoir et de trahison ».
Ce qui s’est passé à l'Elysée ne restera assurément pas à l'Elysée. Le MPCM-Tour est lancé.