La première fois que les téléspectateurs français ont vu Fabienne, ils l’ont trouvée franchement vénère. Réac, hystérique, à cheval sur une éducation d’un autre âge, catho tradi, frigide, bref, à l’Ouest et pas forcément représentative de son temps, et donc d’eux, de nous, les parents dits modernes (mouais). Puis, en quelques épisodes seulement et après avoir fait montre d’un doigté à nul autre pareil pour résoudre les situations familiales ou matrimoniales les plus alambiquées, Fabienne nous est peu à peu devenue sympathique. Attachante. Et finalement indispensable.
Après sept saisons d’un soutien sans faille à son mari Renaud, hanté par l’objectif de toute une carrière, celui de devenir numéro 1 des robinetteries Binet, de chaussettes (solitaires) à ramasser, de petits bobos à panser, d’un grand ado tout mou à quotidiennement rebooster, d’une carrière à lancer, Fabienne s’est enfin imposée comme l’incarnation cathodique quasi parfaite de… nous.
>> Le Cercle des chaussettes disparues et 9 autres objets qu'on perd tout le temps <<
Certes, Valérie Bouley est plus gaie, plus moderne et d’un abord autrement plus fun. Mais l’amour grandissant des scénaristes successifs pour la « mère Lepic » semble avoir eu la peau de sa voisine bobo (Isabelle Gélinas), laquelle se plaignait ce matin dans Le Parisien du fait que son personnage s’était peu à peu perdu dans une hystérie redondante et peu attachante. Fabienne, elle, a connu des crises de couple, les enfants qui déraillent, les questionnements identitaires de la mère au foyer, le désir de plonger dans le monde du travail à un âge où les femmes sont considérés comme des fossiles antithétiques de toute vie en entreprise (40 ans, pensez !) et, enfin, découvert le tourbillon insensé que vivent chaque jour les working mums de tous bords.
Aujourd’hui adjointe au maire de Sèvres, la charmante commune qui abrite nos deux smalas, Fabienne Lepic tente de jongler entre son ambition professionnelle et les impératifs de sa vie de famille. Néo grand-mère, maman ultra sollicitée et femme active impliquée, Fabienne Lepic gueule, rit, s’affole, s’émeut, se décourage, s’enthousiasme et court court, court toute la journée jusqu’à tomber de fatigue sur l’épaule d’un mari débonnaire qui écoutera d’un air bienveillant ses anecdotes affolées tout en pensant à mille autres choses.
Bref, comme nous.
Fabienne, tu nous as manqué.