Publié le Mercredi 07 Février 2024

Diaporama: Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple

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Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple
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Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple
Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple © A24
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Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple
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Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple
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Immense trauma, "La zone d'intérêt" est aussi un film brillant sur le couple
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 Le terme "zone d'intérêt" désigne les 40 kilomètres carrés qui entouraient le camp d'extermination d'Auschwitz. C'est là-même, au sein de l'habitation familiale d'un officier SS, que nous plonge le d'ors et déjà plus grand film de 2024. Une séance nécessaire. 
 Sandra Hüller au Photocall des participants au dîner des nommés des César 2024 au Fouquet's Paris le 5 février 2024. © Olivier Borde / Bestimage
Le terme "zone d'intérêt" désigne les 40 kilomètres carrés qui entouraient le camp d'extermination d'Auschwitz. C'est là-même, au sein de l'habitation familiale d'un officier SS, que nous plonge le d'ors et déjà plus grand film de 2024. Une séance nécessaire. Sandra Hüller au Photocall des participants au dîner des nommés des César 2024 au Fouquet's Paris le 5 février 2024. © Olivier Borde / Bestimage © BestImage, OLIVIER BORDE / BESTIMAGE
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 Le dernier long-métrage du trop rare cinéaste britannique Jonathan Glazer s'impose comme une évidence. Un choc naturellement, mais aussi, d'ors et déjà, le plus grand film d'une année qui ne fait que commencer. En relatant le quotidien du commandant d'Auschwitz Rudolf Höss et de son épouse Hedwig, le metteur en scène a relevé un défi ambitieux : proposer la mise en son de l'horreur des camps d'extermination. Mais pas seulement. 
 Jonathan Glazer à la première du film "The zone of interest" lors du 18ème Rome International Film Festival, à l'auditorium Parco Della Musica de Rome, Italie, le 20 octobre 2023. © SGP/Bestimage
Le dernier long-métrage du trop rare cinéaste britannique Jonathan Glazer s'impose comme une évidence. Un choc naturellement, mais aussi, d'ors et déjà, le plus grand film d'une année qui ne fait que commencer. En relatant le quotidien du commandant d'Auschwitz Rudolf Höss et de son épouse Hedwig, le metteur en scène a relevé un défi ambitieux : proposer la mise en son de l'horreur des camps d'extermination. Mais pas seulement. Jonathan Glazer à la première du film "The zone of interest" lors du 18ème Rome International Film Festival, à l'auditorium Parco Della Musica de Rome, Italie, le 20 octobre 2023. © SGP/Bestimage © BestImage, AGENCE / BESTIMAGE
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 De la violence d'Auschwitz, l'on ne verra rien ou si peu, l'on entendra - beaucoup. Surtout, loin de se limiter à ce concept déjà dense, Glazer dresse un portrait de femme glaçant, en s'attardant sur Hedwig, interprétée par une remarquable Sandra Huller (qui manie aussi bien l'ambiguïté que dans l'ultra primé  Anatomie d'une chute ), et plus encore une réflexion passionnante sur le couple, et l'unité familiale. C'est brillant. 
 Christian Friedel, Jonathan Glazer et Sandra Hueller - Photocall de la cérémonie des "European Film Awards (Prix du Cinéma Européen)" à Berlin. Le 9 décembre 2023
De la violence d'Auschwitz, l'on ne verra rien ou si peu, l'on entendra - beaucoup. Surtout, loin de se limiter à ce concept déjà dense, Glazer dresse un portrait de femme glaçant, en s'attardant sur Hedwig, interprétée par une remarquable Sandra Huller (qui manie aussi bien l'ambiguïté que dans l'ultra primé Anatomie d'une chute ), et plus encore une réflexion passionnante sur le couple, et l'unité familiale. C'est brillant. Christian Friedel, Jonathan Glazer et Sandra Hueller - Photocall de la cérémonie des "European Film Awards (Prix du Cinéma Européen)" à Berlin. Le 9 décembre 2023 © BestImage, Action Press / Bestimage
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 L'un des coups de génie de Jonathan Glazer, c'est celui-ci : dépeindre la banalité du mal. Et à travers elle, davantage encore la banalité que le mal. Ainsi, la caméra va évoluer d'une limpide manière dans cette "zone d'intérêt", autrement dit, les 40 kilomètres carrés qui entouraient le camp d'extermination d'Auschwitz, et s'appesantir sur la psychologie d'une mère de famille qui envisage l'endroit... Comme son coin de paradis. 
 Sandra Hüller au Photocall des participants au dîner des nommés des César 2024 au Fouquet's Paris le 5 février 2024. © Olivier Borde / Bestimage
L'un des coups de génie de Jonathan Glazer, c'est celui-ci : dépeindre la banalité du mal. Et à travers elle, davantage encore la banalité que le mal. Ainsi, la caméra va évoluer d'une limpide manière dans cette "zone d'intérêt", autrement dit, les 40 kilomètres carrés qui entouraient le camp d'extermination d'Auschwitz, et s'appesantir sur la psychologie d'une mère de famille qui envisage l'endroit... Comme son coin de paradis. Sandra Hüller au Photocall des participants au dîner des nommés des César 2024 au Fouquet's Paris le 5 février 2024. © Olivier Borde / Bestimage © BestImage, OLIVIER BORDE / BESTIMAGE
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 Dès lors, cet ilot cauchemardesque qui à sa manière s'inscrit dans l'histoire devient une forme de déclinaison monstrueuse du "home sweet home". Enfants, mari aimant, et même chien fidèle (très présent tout au long du film) viennent composer ce tableau idyllique.   
 Jonathan Glazer à son arrivée au Hangar de l'Institut Lumière - Festival Lumière 2023 à Lyon le 15/10/2023. Photo Sandrine Thesillat / Panoramic
Dès lors, cet ilot cauchemardesque qui à sa manière s'inscrit dans l'histoire devient une forme de déclinaison monstrueuse du "home sweet home". Enfants, mari aimant, et même chien fidèle (très présent tout au long du film) viennent composer ce tableau idyllique. Jonathan Glazer à son arrivée au Hangar de l'Institut Lumière - Festival Lumière 2023 à Lyon le 15/10/2023. Photo Sandrine Thesillat / Panoramic © BestImage, Sandrine Thesillat / Panoramic / Bestimage
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 On a l'impression qu'un tableau déformant de foire a été posé face à ce schéma "atomique" et traditionnel. En émane une aberrante défiguration. Tout à fait obscène. 
 Jonathan Glazer, Rachel Glazer à la première du film "The zone of interest" lors du 18ème Rome International Film Festival, à l'auditorium Parco Della Musica de Rome, Italie, le 20 octobre 2023. © SGP/Bestimage
On a l'impression qu'un tableau déformant de foire a été posé face à ce schéma "atomique" et traditionnel. En émane une aberrante défiguration. Tout à fait obscène. Jonathan Glazer, Rachel Glazer à la première du film "The zone of interest" lors du 18ème Rome International Film Festival, à l'auditorium Parco Della Musica de Rome, Italie, le 20 octobre 2023. © SGP/Bestimage © BestImage, AGENCE / BESTIMAGE
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 Tout aussi obscènes, les dialogues savamment écrits d'un film qui n'en déborde pas. Les répliques les plus anodines, sur le jardin, les fleurs, la santé des enfants, la "vitalité" des lieux, font l'effet d'échos discordants, par rapport au contexte de ce récit, à tout ce qui se passe et s'entend... "A côté". L'ironie est glaciale. 
 Quentin Tarantino, Jonathan Glazer (Grand Prix ) - Cérémonie de clôture du 76ème Festival International du Film de Cannes, au Palais des Festivals à Cannes. Le 27 mai 2023 © Borde-Jacovides-Moreau / Bestimage
Tout aussi obscènes, les dialogues savamment écrits d'un film qui n'en déborde pas. Les répliques les plus anodines, sur le jardin, les fleurs, la santé des enfants, la "vitalité" des lieux, font l'effet d'échos discordants, par rapport au contexte de ce récit, à tout ce qui se passe et s'entend... "A côté". L'ironie est glaciale. Quentin Tarantino, Jonathan Glazer (Grand Prix ) - Cérémonie de clôture du 76ème Festival International du Film de Cannes, au Palais des Festivals à Cannes. Le 27 mai 2023 © Borde-Jacovides-Moreau / Bestimage © BestImage, JACOVIDES-BORDE-MOREAU / BESTIMAGE
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 Cependant, sous cette ironie bat un coeur : cela rend le sentiment d'horreur bien plus considérable encore. Car le cinéaste nous laisse entrevoir les instants de tendresse et de complicité qui font de Rudolf et Hedwig ce qu'ils sont : des tortionnaires, des monstres, des antagonistes ? Sûrement. Mais surtout : un couple.  
 Christian Friedel, Jonathan Glazer et Sandra Hueller - Photocall de la cérémonie des "European Film Awards (Prix du Cinéma Européen)" à Berlin. Le 9 décembre 2023
Cependant, sous cette ironie bat un coeur : cela rend le sentiment d'horreur bien plus considérable encore. Car le cinéaste nous laisse entrevoir les instants de tendresse et de complicité qui font de Rudolf et Hedwig ce qu'ils sont : des tortionnaires, des monstres, des antagonistes ? Sûrement. Mais surtout : un couple. Christian Friedel, Jonathan Glazer et Sandra Hueller - Photocall de la cérémonie des "European Film Awards (Prix du Cinéma Européen)" à Berlin. Le 9 décembre 2023 © BestImage, Action Press / Bestimage
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En s'immergeant au sein d'une "vie de rêve" hétéropatriarcale qui côtoie littéralement l'enfer (une séquence nocturne de flammes perçues à travers les fenêtres de la maison en témoignera), Jonathan Glazer délivre une réflexion sur le couple et la famille. Quelque part, à l'instar d'un certain... "Anatomie d'une chute" !
En s'immergeant au sein d'une "vie de rêve" hétéropatriarcale qui côtoie littéralement l'enfer (une séquence nocturne de flammes perçues à travers les fenêtres de la maison en témoignera), Jonathan Glazer délivre une réflexion sur le couple et la famille. Quelque part, à l'instar d'un certain... "Anatomie d'une chute" ! © Le Pacte