La fédération française BPW (Business and Professional Women) promeut l’indépendance financière et économique des femmes, leur engagement entrepreneurial, c’est donc à ce titre qu’elle a reçu Sandra Le Grand le 21 janvier au Furet du Nord de Lille. L’occasion de rencontrer une femme d’une énergie communicative.
Questionnée par le journaliste Luc Hossepied, elle définit les comportements et raisonnements de base qu’il faut adopter pour mettre en œuvre un projet, réaliser un rêve, entreprendre. Comme le dit si bien Véronique Morali, auteure de la préface : « Sandra Le Grand est une femme d’entreprise au sens d’entreprendre, risquer, oser, aller de l’avant, prendre sa vie en main, en changer le cours. Et en être heureuse. »
Votre jeunesse comportait-elle, en germe, des éléments permettant de vous construire « entrepreneur » ?
Sandra Le Grand : Je suis née dans un milieu où les valeurs morales de travail, d’équilibre, de corps sain pour un esprit sain nous nourrissaient : sport, lecture, travail… J’ai ensuite exercé de multiples petits boulots, parallèlement à mes études, ce qui permet de mieux se connaître, de faire des tris, d’être lucide plus vite sur le monde du travail. Je suis rentrée ensuite chez Coca Cola où j’ai pu changer souvent de poste car c’est une société très entrepreneuriale avec la possibilité de mener des projets de bout en bout. C’est d’ailleurs grâce à l’un d’entre eux que j’ai pu approcher les CE : en implantant des dispositifs de distributeurs automatiques de bouteilles de coca.
Donc vous avez votre idée…
S. L. : L’idée vient après la volonté de créer mon entreprise, cela peut paraître aberrant mais c’est ainsi. Je voulais créer mon entreprise et j’ai cherché dans quel domaine j’y parviendrai. Très vite mon choix s’est porté sur le monde des comités d’entreprises que je connaissais bien, avec comme idée novatrice, leur permettre de trouver un espace de rencontre avec les fournisseurs de loisirs, avec Internet comme « canal » de communication pour simplifier l’accès aux négociations de prix. Ensuite il a fallu trouver les investisseurs : « Road show », 70 rendez-vous en trois mois, avec cette volonté chevillée au corps, « être bonne pour les convaincre, préparer son discours car il n’y a qu’un seul moment de séduction. »
Une créatrice est-elle un créateur comme tout le monde ?
S. L. : Bienveillance, attention à tous, sourire, pots, prendre conscience que ce sont des gens qui travaillent pour nous, valoriser la performance plus que les moyens, ne pas être trop rigide sur les horaires, par exemple ne pas forcer les commerciaux à revenir systématiquement à la boîte. Toutes ces initiatives sont sans doute le fait d’une intuition féminine.
Qu’en est-il de la parité dans votre entreprise ?
S. L. : Sur 200 personnes, 63% sont des femmes.
A quels postes ?
S. L. : Effectivement, avouons qu’aux postes M-1, (soit, je suppose directionnels), on trouve des hommes, les femmes n’osent pas assez, il faut demander plutôt que mériter.
Les grosses bourdes ?
S. L. : Pas d’énormes mais des difficultés dans la gestion de la trésorerie, dues aux phénomènes saisonniers des achats, de Noël ou d’été, par exemple, avec quelques grosses frayeurs, rapport aux banques qui n’ont pas toujours la flexibilité qu’on rêverait de trouver. Alors un conseil, cinq banques plutôt qu’une, cela les rassure elles-mêmes.
Quelles sont les grosses difficultés rencontrées ?
S. L. : Le recrutement est sans doute le plus dur : avant la compétence, je choisis la personnalité. Solidarité, partage, implication, créativité, honnêteté, ouverture. On attire les gens de notre propre profil.
Comment anime-t-on une telle équipe ?
S. L. : Il faut être sur le terrain, se mouiller, être solidaire. Cent trente personnes sont sur Paris, je les rencontre systématiquement, je sais sur quoi elles travaillent. En région, bien sûr, nous communiquons par Internet, deux réunions par an sont organisées à Paris et « quick off » dans les régions. Nous ouvrons d’ailleurs très prochainement (le 26 janvier), une agence à Villeneuve d’Ascq.
Pourquoi ce livre ?
S. L. : C’est, en quelque sorte une lettre ouverte à celles qui n’osent pas. Dix ans, cela passe vite, écrire tout ce qu’on a fait, le parcours, les recettes de cette réalisation, mon histoire, ma méthode, la partager, comme un roman, accessible, avec des conseils de coach à chaque fin de chapitre. J’ai écrit ce livre avec mon directeur financier, deux regards sur la même boîte. J’ai maintenant plus de temps pour partager et aller à la rencontre des femmes intéressées par ma démarche. D’où ma venue aujourd’hui.
Questions de la salle
Vous est-il arrivé d’être découragée ?
S. L. : Quand on est passionné, il ne faut jamais ne pas y croire. Se faire coacher par des gens positifs ; famille, conjoint, amis mais vous devez rester la plus motivée.
Quel est l’âge moyen de votre équipe ?
S. L. : Quelques séniors, mais la moyenne est plutôt jeune.
La déléguée Nord aux droits des femmes questionne : Quelle est la situation de l’emploi des femmes dans le Nord Pas-de-Calais ? La situation est plus critique qu’ailleurs, mais la région est très dynamique.
Quand vous cherchiez des investisseurs, vous avez eu recours aux « Business Angels », en êtes- vous un maintenant ?
S. L. : Bonne question, oui, dans la mesure où je donne de mon temps, mais je n’ai pas d’argent à réinvestir. Je fais des émissions, l’une est passée sous forme de deux épisodes sur France 4 Lundi dernier, la prochaine est diffusée Lundi 23 janvier à 20h35.
S’il faut terminer par un mot : le parfait est l’ennemi du bien.
Sandra Le Grand dédicaçait ensuite son livre avec un petit mot pour chacune.
« Entreprendre : un peu, beaucoup, passionnément. Lettre ouverte à celles (et ceux) qui veulent créer leur entreprise », Sandra Le Grand, créatrice de CALNALCE. Aux éditions TELEMAQUE, 2010, 20 euros.
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