Emmanuelle Duez : Nous avons tout d’abord tenté de définir ce qu’était la génération Y. Suite à nos échanges et observations, je suis convaincue que plus qu’une génération déterminée par une tranche d’âge, nous parlons d’une culture commune. Nous avons ainsi pu noter que les salariés Y sont des personnes à la recherche d’objectifs contradictoires. Tout en ayant pour but ultime de s’épanouir personnellement, ils ont en parallèle trois critères principaux qui dirigent leurs actions : la recherche du plaisir, de l’argent et de la liberté. La recherche du bonheur sous-tend pour eux de réaliser ces trois objectifs. Reste que pour moi les Y se définissent également par une génération opportuniste, inventive et connectée. C’est à mon avis un mouvement de fond. J’ai envie de croire qu’il s’agit d’une tendance lourde, partagée par bien plus que des personnes âgées entre 20 et 30 ans.
E.D : Il est certain que cette génération va impacter durablement la question de la diversité. La génération Y ne se comprend en effet plus au niveau collectif mais au niveau individuel. Chaque salarié dresse sa feuille de route personnelle : nous ne réfléchissons plus en termes d’homme et de femme mais en termes d’individu. Nous voyons en parallèle émerger des modèles différents dans l’entreprise : des femmes workaholic, des hommes pour qui la priorité n’est plus l’épanouissement professionnel mais la réussite de leur vie personnelle ; les frontières bougent. Je suis persuadée que l’arrivée de cette génération dans le milieu du travail va tendre à modifier considérablement la façon dont sont perçus les rapports homme-femme mais également la façon dont nous travaillons et réfléchissons.
E.D : Il est évident que la génération Y change les codes du travail. Avant tout, les Y recherchent du sur-mesure et désirent passer avec l’entreprise un pacte individuel à chaque moment de leur vie. Autre point essentiel : il s’agit d’une génération à la recherche de sens. Si l’on parle de « génération du Why » ou du « pourquoi », c’est également la génération du « How », du « comment ». Ainsi, si ces jeunes salariés n’ont pas de problème particulier avec l’autorité, ils ont besoin pour obéir de comprendre, de connaître le pourquoi et le comment. Contrairement à leurs aînés, ils croient en la compétence prouvée et perçue et non plus dans les schémas hiérarchiques traditionnels. Ce qui demande de la part de l’entreprise de mener une politique de management adaptée à chacun, hyper-légitime, quasiment « à la carte ». C’est une génération en rupture, qui demande donc la mise en place de certaines ruptures dans l’entreprise. Côté motivation, au-delà des objectif cités plus haut, les Y sont à la recherche de reconnaissance, mais également d’autonomie et de challenge.
Le site de l'association Women'Up
Crédit photo : Hemera
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