En cette journée de prévention du suicide, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rappelle que prévenir les suicides sur les lieux de travail tient aussi de la responsabilité des entreprises. En effet, une mauvaise organisation du travail, des consignes contradictoires ou une absence de dialogue social peuvent être causes de suicides. On se souvient notamment de la trentaine de décès qu’avait entraîné entre 2008 et 2009 la réorganisation à marche forcée de l’entreprise France Télécom. L’ancien patron, Didier Lombard, avait en effet été contraint de quitter l’entreprise, puis avait été mis en examen pour harcèlement moral en juillet dernier. Plus récemment, les suicides de deux cadres à La Poste ont poussé la direction à demander un rapport sur les conditions de travail, qui devrait être rendu public mardi 11 septembre.
En France, on estime que sur les 10 000 suicides par an, 400 sont directement liés au travail. Et la responsabilité de l’entreprise peut être engagée, même si, admet Xavier Alas Luquetas, dirigeant du cabinet de prévention des risques psychosociaux Eleas, la plus grande difficulté est « de repérer les gens qui vont mal ». Il faut donc, par la mise en place de formation spécifique, apprendre à repérer les changements d’attitudes : « Quelqu'un qui arrive toujours en avance et se met à arriver en retard, ou quelqu'un qui parle peu alors que ce n'est pas le cas d'habitude, peut être un indice. »
Enfin, « la direction doit reconnaître la gravité de ce qui s'est passé », et non le minimiser, ce qui reviendrait à le nier. Afin de mieux recenser et prévenir ces actes, les signataires de l'appel « pour la création d'un observatoire des suicides » ont de nouveau insisté sur « l'urgence » de ce dispositif. Car selon le Pr. Michel Debout, ancien président de l'association France prévention suicide, la crise aurait généré au moins 750 suicides supplémentaires en France entre 2008 et 2010.
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