C’est la première étude qui met en lumière les « associations automatiques » de notre cerveau entre genre et leadership. Le cabinet de conseil Diverseo, en partenariat avec le Women’s Forum, démontre que même si 69% des personnes (homme ou femme) se disent convaincues que les deux sexes possèdent les mêmes qualités de leader, elles n’en sont pas là inconsciemment. Dans les faits, 55% des gens associent plutôt la casquette du leader au mâle...
Cette étude, intitulée « Le leadership est-il un attribut masculin ? », a été menée sur Internet dans le monde entier pendant plusieurs mois, auprès d’un échantillon de près de 800 managers et salariés. Ceux-ci ont été soumis à deux séries de tests : la première partie « explicite » faisait appel au jugement conscient des sondés, avec des questions comme « Comment jugez-vous l’efficacité des hommes/des femmes leaders ? », tandis ce que dans la deuxième partie il s’agissait, grâce à des algorithmes établis par des scientifiques de Harvard, de révéler les associations inconscientes sur le leadership. Les interrogés devaient ainsi fournir des réponses rapides et automatiques grâce aux touches de leur clavier, face à des mots du champ sémantique du leadership, des qualités ou des photos d’hommes inconnus en costume cravate et de femmes connues pour leur position de leader comme Christine Lagarde ou Dilma Roussef.
Résultat : des hommes inconnus sont plus volontiers perçus comme des chefs tandis que les femmes de pouvoir célèbres sont associées à des subalternes. L’étude invoque ainsi des « biais implicites » qui s’exprimeraient à l’insu de tous, y compris des femmes. En effet, celles-ci sont loin d’être lavées des stéréotypes inconscients : encore 49% des sondées perçoivent des hommes inconnus comme de meilleurs leaders que des femmes de pouvoir.
L’objectif de l’étude est de faire prendre conscience de ces réflexes inconscients dans la prise de décision dans l’entreprise. Ces associations spontanées « se répercutent avant tout sur la performance des entreprises car elles sont souvent à l’origine de la nomination de personnes réellement moins compétentes que d’autres », peut-on lire dans le rapport de l’enquête. La première solution pour corriger notre inconscient ? Nommer plus de femmes aux postes de direction. Les hommes ayant une femme pour chef ont en effet davantage tendance à associer « femme » et « leadership ». Rien de plus logique. Encore faut-il engager la dynamique vertueuse.
Crédit photo : Hemera
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