Pourquoi la parité n'est-elle pas encore atteinte dans les Conseils d'Administration des grandes entreprises ? Une étude de la société SHL, leader du marché des solutions d'évaluation objective des talents, nous donne une explication intéressante. En comparant les données qu'elle possédait sur les leaders potentiels en France (6,6% d'hommes et 6,4% de femmes, soit une quasi égalité), l'étude montre qu'hommes et femmes auraient des motivations différentes quant à l'accès à ces postes. Là où les hommes seraient déterminés par le pouvoir et la peur de l'échec, les femmes rechercheraient le bien-être, la sécurité et la reconnaissance dans leur travail d'être un aidant, un soutien.
« On peut tirer deux conclusions de ces résultats explique Stéphane Amiot, DG France et Belgique d'SHL : d'une part que la parité dans les conseils d'administrations dépend de la culture du leadership d'un pays et d'autre part, que les femmes s'auto-discriminent. En effet, en France comme dans beaucoup de pays, être un grand patron signifie ne plus avoir de temps pour sa famille, subir la pression, éliminer ses concurrents. Bref, des facteurs de motivations à l'exact opposé de ceux des femmes qui s’auto-excluent ».
La France au 13e rang mondial
Une interprétation qui serait confirmée par la comparaison avec les autres 25 pays étudiés par SHL. La France se placerait ainsi au 13e rang mondial en matière de parité dans les CA, loin derrière la Norvège (où 42% des postes de direction sont occupés par des femmes), la Thaïlande (39%), l'Italie (36%) ou Hong Kong (33%). « Or en Norvège comme dans tous les pays d'Europe du Nord, il y a une culture d'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée à tous les niveaux hiérarchiques. Et dans la culture du leadership, le management est au service des autres, ce qui est beaucoup plus en adéquation avec les motivations féminines ».
Mais alors, pourquoi ces pays n'ont pas atteint déjà la parité ? « Parce que les leader d'aujourd'hui ont 50/55 ans, dans cette génération, il existe une inégalité en amont réduite à néant aujourd'hui : celle du niveau d'études entre hommes et femmes. Ce que l'étude montre c'est que dans les prochaines années le modèle pourrait donc s'inverser. » A condition donc de changer la communication autour du rôle du leader dans les entreprises ? « Oui, des sociétés pourraient en profiter pour se distinguer. D'autant qu'il y a un intérêt économique évident : nous nous passons aujourd'hui d'une grande partie des leaders compétentes ! »
Bruxelles : des quotas de femmes dans les conseils d'administration bientôt appliqués ?
Conseils d'administration : les femmes, toujours grandes absentes
Quotas de femmes chez les hauts fonctionnaires : « L'Etat doit être exemplaire »
CAC 40 : 15% de femmes dans les instances dirigeantes en 2011