Noam Leandri : Oui, car les inégalités au départ persistent. Bien qu’elles réussissent mieux à l’école, les femmes restent légèrement moins diplômées que les hommes et sont donc moins qualifiées. Par ailleurs, elles ont tendance à choisir des secteurs de métiers où il y a plus de chômage comme les sciences humaines par exemple. Enfin, la dernière raison tient plus de la discrimination. Les femmes réduisent leur taux d’activité quand elles ont un enfant. Et ce « vide » sur leur CV, bien que tout à fait explicable, n’est toujours pas valorisé dans les entreprises. En réalité, les causes du chômage des femmes sont les mêmes depuis des années, rien n’a changé sur le fond. D’autant que ces chiffres ne prennent pas en considération les temps partiels, le plus souvent occupés par des femmes, et qui permettent de combler l’écart en grande partie…
N. L. : Si on regarde les chiffres sur une longue période, le chômage des femmes a toujours été supérieur à celui des hommes. En 2009, l’écart était en effet quasi nul, non pas parce que le taux de chômage des femmes a baissé, mais parce que celui des hommes a augmenté. La crise a d’abord touché l’industrie, un secteur qui emploie essentiellement des hommes. L’écart s’est donc resserré mais les causes du chômage des femmes n’étaient pas pour autant résolues. La crise a ensuite touché les services à la personne, un secteur plutôt féminin et l’écart a de nouveau augmenté. En réalité, la tendance de fond, c’est une réduction des écarts de chômage entre hommes et femmes. Mais, il ne faut pas y voir un facteur d’égalité hommes-femmes, plutôt un nivellement vers le bas. La crise dans sa globalité est moins défavorable aux femmes, simplement.
N. L. : Pour ce qui est de la maternité, il faudrait à mon sens proposer un « revenu parental » proportionnel à l’emploi occupé précédemment. Avec ce qui est proposé actuellement, ce sont les femmes les moins diplômées, déjà exclues plus facilement du marché du travail, qui sont incitées à rester à la maison. Par ailleurs, sur le modèle de la Suède, le congé parental devrait pouvoir être partagé par les deux parents. Aujourd’hui, il est pris dans plus de 90% des cas par les mères. Si la « pénalité » du congé parental s’applique aux hommes comme aux femmes, il n’y aura alors plus de pénalité ! Enfin, il faut cesser d’encourager les temps partiels, voire les décourager. Aujourd’hui, on a plutôt tendance à les inciter.
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