Elle est l’illustration parfaite des effets pervers de la loi Sauvadet, censée lutter contre la précarité des contractuels. Cette ingénieure de 32 ans qui a préféré garder l’anonymat se retrouve en recherche d’emploi après onze années passées dans un centre de recherche de Nantes, en CDD. D’après lemonde.fr qui révèle l’affaire, les douze contrats à durée déterminée ont été établis par des employeurs différents -CHU de Nantes, CNRS, Inserm- mais oeuvrant tous pour le centre de recherche en cancérologie de Nantes, et constituant « une seule et même équipe de recherche médicale », selon la scientifique.
A la fin de son dernier contrat, prolongé pendant quatre ans et demi par l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), la jeune femme mariée et mère de deux enfants apprend qu’il ne sera pas renouvelé. La chercheuse est congédiée, au beau milieu d’une étude clinique d’envergure dans le service de réanimation du CHU. Des travaux fortement compromis par son départ.
La raison invoquée par l’administration du centre de recherche : le manque de moyens pour créer un CDI, comme elle l’explique au journaliste du Monde : « On m'a certifié que cela n'avait rien à voir avec mes compétences et mon investissement, mais qu'il s'agissait d'une aberration administrative. Désormais, j'ai trop d'ancienneté pour signer un nouveau CDD. Il n'y a pas le budget pour pérenniser mon poste, juste les crédits pour lancer un nouveau CDD. »
Résultat, un nouveau CDD moins qualifié pourrait bientôt prendre sa place. À moins que la procédure engagée auprès du tribunal administratif de Nantes n’aboutisse en sa faveur. Selon son avocat, l’Inserm se met hors-la-loi dans cette affaire, puisque la loi Sauvadet du 12 mars 2012 oblige un employeur à proposer un CDI à tout employé ayant effectué trois ans de CDD consécutifs. Encore faut-il que l’employeur ait les moyens d’appliquer la loi. Depuis le vote de ce texte, de nombreux scientifiques en dénoncent les conséquences, tel Lise Caron chercheuse au CNRS : faute de budget suffisants, on « dégraisse » dans les laboratoires pour éviter de passer les précaires en CDI.
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