Dans un show-room parisien aux accents rétro et aux rayures vert d'eau, la Maison Lejaby dévoilait jeudi 17 janvier sa collection « Renaissance ». Une ligne faite de jupons en tulle rebrodé, de tops de satin de soie, de soutien-gorge à basque ou de bustiers en dentelle, présentée pour l'occasion par les danseuses du Lido. « La collection “Hommage” avait été faite en catastrophe en juillet 2012, se souvient Colette Candela, la directrice du Studio. “Renaissance”, c'est le nouveau Lejaby, réfléchi, abouti. »
De la broderie, de la soierie et de la passementerie, œuvres des « petites mains », ces corsetières devenues en 2012 le symbole du « made in France ». « Quand j'ai été embauchée il y a un an et demi, raconte Jennifer, 22 ans, je pensais partir trois mois plus tard. Je suis toujours là. Le travail a été très intense, mais quand nous avons fait le premier défilé (pour la collection Hommage, ndlr), j'ai compris que c'était reparti. » Elles qui se sont battues pour la survie de leur emploi et de leur savoir-faire signent aujourd'hui chacune de ces pièces confectionnées par leurs soins. « Mon métier, c'est une passion, souligne Jennifer. Aujourd'hui, je me sens valorisée en tant que monteuse et corsetière, je ne suis pas un pion parmi tant d'autres. »
Il y a un an, sauvée de la liquidation judiciaire en pleine campagne présidentielle, l'entreprise était rachetée pour un euro symbolique par Alain Prost, ex-directeur de La Perla. Plus de la moitié des effectifs étaient alors licenciés, pour 193 emplois conservés sur le site de Rillieux-la-Pape (Rhône-Alpes). Aujourd'hui, c'est dans ces locaux que sont dessinés et conçues les quatre collections de la marque : Lejaby Plage, Lejaby Elixir – pour les formes généreuses -, Lejaby Lingerie et Lejaby Couture. Pour Colette Candela, après 40 ans passés au sein de la maison Lejaby, « cette collection est un grand bol d'air » : « Il y a un an nous ne savions pas à quelle sauce nous allions être mangées. Conserver la marque, la développer vers la haute couture, voilà une proposition qui nous motivait. »
Et si la production est, pour la majeur partie des modèles, sous–traitée en Tunisie, la collection Couture se veut, elle, 100% made in France. « Le savoir-faire à la française, insiste la directrice du studio, c'est d'abord la technique du bien-aller : une lingerie à la fois belle à regarder et confortable. Mais c'est aussi des matières de qualité : des dentelles de Calais et des soieries lyonnaises. » Un atelier de confection au Mans s'en est vu jusque-là confier la fabrication. Mais, depuis le 14 janvier, il est assisté d'un nouveau sous-traitant : Les Atelières, cette entreprise née de la volonté d'une communicante lyonnaise et d'ex-salariées Lejaby victimes du plan social. « C'était important pour nous de travailler ensemble, assure Alain Prost, parce que nous partageons les mêmes convictions, parce que nous aimons l'esprit d'entreprendre et parce qu'elles possèdent un véritable savoir-faire. »
La collection Couture ne représente, aujourd'hui, que 3% du chiffre d'affaires de Lejaby mais le repreneur espère la voir atteindre « 20 à 25% d'ici cinq ans » grâce à l'attrait des riches clientes internationales pour le luxe français. Dans ce boudoir parisien (1) inspiré des maisons de couture des années 40-50, on viendra assister à un défilé privé ou acheter une pièce sur mesure - de 350 à 450 euros pour une parure et jusqu'à 10 000 euros pour un body brodé de perles. « Personne n'avait imaginé il y a un an que nous serions ici aujourd'hui, argue Alain Prost. Ce lieu, c'est le témoignage de la créativité retrouvé de l'équipe. Lejaby is back ».
Découvrez le défilé des danseuses du Lido en vidéo
(1) 5, rue Royale, 75008 PARIS.
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