Swann Robbes, fondatrice de FamiHero, site de recherche de nounou, baby-sitter ou professeur à domicile pour le soutien scolaire.
« Je suis évidemment sensibilisée à la question de l’égalité professionnelle de par la société que j’ai créée. FamiHero est une jeune entreprise, démarrée en novembre dernier, qui compte quatre salariés, deux hommes, deux femmes. Mais avant de devenir chef d’entreprise, j’ai été salariée pendant quinze ans, et il a été plus d’une fois très compliqué de concilier ma vie professionnelle avec le fait d’avoir des enfants. Dans l’idéal j’aimerais que l’on puisse changer les regards sur les femmes dans l’entreprise. Pour moi, c’est avant tout un problème de regard et de culpabilité que l’on s’inflige. Du coup, quand j’ai créé mon entreprise, j’ai mis en place une politique de liberté totale sur les horaires : on ne juge pas les salariés sur leur taux de présence au travail mais sur leurs résultats. J’ai pour ma part mis un point d’honneur à rentrer chez moi avant que mes enfants ne soient couchés, quitte à télétravailler ensuite le soir. Je suis persuadée que des salariés épanouis sont des salariés dont la vie personnelle est épanouie, cela facilite leur investissement. C’est pourquoi je laisse également une grande liberté en termes de télétravail, afin de permettre à chacun de gérer ses urgences personnelles. Autre mesure : chez FamiHero, vous pouvez être sûrs qu’il n’y a pas de réunions organisées à 8h30 ou à 19h30 ! Et jusqu’à aujourd’hui, les retours sont très positifs. »
Florence Karras, Directrice générale de Cnikel.com, site communautaire des travailleurs des services à la personne.
« Mon entreprise compte une équipe de treize personnes, dont dix femmes. Sur les dix femmes, quatre sont à temps partiel choisi, que ce soit pour s’octroyer du temps pour elles ou pour leurs enfants. Dans le fonctionnement au quotidien, je m’adapte au rythme des mamans, notamment en n’organisant jamais de réunions avant 9h30 et après 17h30. Par ailleurs, tous les temps partiels sont pris le mercredi, pour que le rythme de la structure puisse s’y adapter. Parfois également, pour faire face aux urgences, j’accepte le télétravail. J’estime qu’une certaine souplesse est indispensable pour que tout le monde soit gagnant : il faut que l’entreprise puisse s’adapter aux aléas des modes de garde et de transports. Parmi mes salariés, j’ai des profils d’hommes et de femmes similaires en termes de parcours, et ils sont aux mêmes niveaux de salaires et de progression. Cette parité était peut-être plus facile à respecter étant donné que ce sont des métiers nouveaux sur le Web et une nouvelle génération. Je pense que mon expérience de salariée m’a ouvert les yeux sur la question de l’égalité professionnelle. Je suis issue du milieu des marchés financiers, où je n’ai bénéficié d’aucun aménagement quand j’en aurais eu le plus besoin, à savoir quand ma fille était en bas âge. J’ai dû gérer cette frustration sans aide particulière. Donc aujourd’hui je ne connais que trop bien les difficultés à vivre toutes les vies en parallèle et la nécessité de faire preuve de souplesse. »
Isabelle Calvez, Directrice des Ressources Humaines de Carrefour France.
« J’ai un rôle privilégié en tant que DRH et je suis évidemment aux premières loges des actions que l’on peut mener en faveur de l’égalité professionnelle. Mais à titre personnel, je fais aussi des choses. Je me suis par exemple beaucoup attachée à pousser et valoriser les candidatures féminines, à m’assurer également que les chasseurs de tête présentent bien des profils féminins. Au quotidien, c’est aussi encourager les actions menées chez Carrefour en faveur des femmes, qui mettent en valeur les profils féminins du groupe. Ensuite, en tant que DRH, mon rôle est de pousser les politiques qui visent l’égalité professionnelle : on a par exemple un programme chez Carrefour qui s’appelle le Women’s leader, et qui vise à encourager l’égalité des chances dans l'accès à l'évolution professionnelle, ou encore un programme de mentoring qui conseille et aide les femmes dans leurs évolutions de carrière. Je mets un point d’honneur à soutenir ces initiatives. En parallèle de ces actions "corporate", je pense qu’il est important de pousser les petites actions au quotidien : étant une femme, c’est aussi mon rôle et mon devoir d’aider les femmes à trouver leur place et progresser dans l’entreprise. »
Hélène Grimault-Duc, membre fondateur et Directrice de l’ESITC Caen, grande école d’ingénieurs spécialisée dans le BTP.
« Lorsque j’ai commencé à travailler en tant qu’ingénieur, nous étions peu de femmes dans ce domaine. Quand mon premier patron m’a ouvert la porte de son entreprise, je n’ai pu m’empêcher de lui demander ce qui l’avait convaincu d’embaucher une femme. Il m’a répondu : "J’ai pensé que ça pouvait être l’une de mes filles à votre place et j’aurais aimé qu’on lui ouvre la porte". J’y repense souvent. Quand je me suis trouvée moi-même en position de recruteur, étrangement je ne me suis pas posé la question de la parité, parce que pour moi il était évident de ne pas considérer le sexe des candidats comme un critère de choix. Je ne voyais pas un profil masculin ou féminin mais un CV et des compétences. Et au final, le hasard a fait que la parité a toujours été respectée, dans la première entreprise que j’ai créée puis dans l’école que j’ai fondée. Jamais non plus je ne me suis dit "ce poste est a priori masculin, ce poste est fait pour une femme". Car pour moi toute la problématique de l’égalité professionnelle tient dans ces préjugés qui nous sont imposés et à notre habitude à "sexuer" les rôles dans l’entreprise. C’est pourquoi je veille à ne pas avoir d’a priori. Et face à ceux qui en ont, comme ces hommes qui refuseraient d’embaucher des femmes par peur de devoir gérer une maternité, je rétorque qu’un congé maternité est facile à organiser, que l’on peut anticiper, se préparer… Et puis, j’aime à me dire que "la génération des machos" part bientôt à la retraite. On ne peut qu’espérer voir les choses s’améliorer ! »
Barbara Belvisi, Managing Partner à PiedElephant, boutique de M&A et levée de fonds dédiée aux sociétés technologiques et créatives.
« Créer mon entreprise m’a permis d’acquérir une flexibilité dans mon emploi du temps que j’aurais difficilement obtenue en tant que salariée. Les femmes entrepreneurs peuvent s’organiser plus facilement selon leurs contraintes et trouver ainsi un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée, loin des mythes de la business woman acharnée et de la femme au foyer. L’entrepreneuriat a été un domaine très longtemps réservé aux hommes dans une vision très patriarcale de l’entreprise. Les mentalités ont aujourd’hui évolué. Il y a une véritable solidarité féminine qui encourage à la création d’entreprise. On voit émerger des organismes d’encadrement comme Paris Pionnières ou de financement comme Femmes Business Angels. À mon niveau, l’entraide entre femmes entrepreneurs est essentielle, notamment à travers les déjeuners d’entrepreneuses auxquels j’ai eu l’occasion de participer. Mais le meilleur service qu’on puisse rendre aux femmes entrepreneurs selon moi, c’est de les considérer comme des entrepreneurs tout court, pour éviter qu’une certaine bienveillance ne se transforme en condÉescendance. C’est ce que je tâche de faire au quotidien. La femme chef d’entreprise doit être avant tout valorisée parce qu’elle a créé et réussi. En espérant que bientôt on conjuguera avec facilité le mot d’entrepreneur au féminin. »
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