Julie est rédactrice en chef d’un magazine féminin parisien. Deux à trois fois par mois, elle emmène Eliot, son coker anglais de 4 ans, avec elle au bureau. Il y dispose d’un « joli panier pour roupiller » et fait « son petit tour du propriétaire pour dire bonjour à tout le monde » en arrivant le matin. Mais si aujourd’hui, Elliot est « un peu la mascotte du bureau », Julie avoue avoir mis son patron « devant le fait accompli ». « Mon boss n'était pas vraiment open. Mais, le jour où Eliot a eu ses premiers vaccins, le véto m'avait dit qu'il pouvait faire une réaction et qu'il fallait le surveiller toute la journée. Alors, je l'ai embarqué. »
Comme Julie, de plus en plus de salariés emmènent Rex et autres Mirza sur leur lieu de travail. Et si cette pratique reste marginale en France, elle est très développée aux États-Unis. Depuis plus de 10 ans, le 24 juin est la journée « Take your dog to work » dans toutes les entreprises. 17% d’entre elles seraient même dog free toute l’année, selon l’association American Pet Products. Parmi elles, Google. Dans la société californienne, les employés peuvent venir chaque jour avec leur toutou. Car, pour le géant américain, une journée plus agréable pour un employé est aussi une journée plus productive. Et il semblerait qu’il ne soit pas le seul à le penser : 60% des lecteurs américains du magazine Fast Company disent être prêts à rester davantage d’heures au bureau en compagnie de Médor.
Julie confirme, avoir Eliot à ses pieds transforme ses journées : « Il me force à sortir à l'heure du déjeuner pour le promener, ce qui me fait du bien parce que sinon, je reste derrière mon écran toute la journée. Le fait de le caresser me permet aussi de décompresser. Et puis, quand je traîne un peu trop tard le soir, il s'impatiente et me rappelle à l'ordre. » Un sentiment corroboré par une étude parue en avril 2012 et publiée dans l'International Journal of Workplace Health Management, selon laquelle les chiens « sont un tampon efficace contre le stress ». En comparant les situations de 76 salariés, les chercheurs ont ainsi montré que ceux-ci étaient « dans l'ensemble bien plus satisfaits dans leur travail que la moyenne dans leur secteur » quand ils avaient la compagnie d’un animal.
Pour Philippe de Wailly, vétérinaire et auteur de Ces animaux qui nous guérissent *, les chiens auraient en effet un pouvoir apaisant, feraient baisser notre tension artérielle et nous aideraient même à nous concentrer. « Mais, au-delà de ces effets sur notre bien-être, ils facilitent la communication et les interactions entre les collègues », insiste le vétérinaire. Une évidence pour Julie, pour qui son chien est « un excellent catalyseur social » : « Certains employés de la boîte, dans d'autres services, me demandent régulièrement de les prévenir quand Eliot est là pour pouvoir passer dans le bureau pour le caresser. » Pourtant, elle le reconnaît : « Je sens bien qu'il en exaspère certains quand il leur saute dessus pour leur faire la fête (il est toujours content de voir du monde) ou quand il quémande à l'heure du déj’ (on déjeune souvent au bureau), mais la grande majorité du temps, les gens l'adorent. »
Et ce dernier point n’est pas à négliger. Non seulement, il est essentiel d’avoir « un animal sociable » pour ne pas perturber l’open space, mais aussi parce que son propriétaire n’en est pas le responsable au bureau, rappelle Eric Rocheblave, avocat spécialiste en droit du travail. « Aucun texte n’interdit d’emmener un animal sur son lieu de travail, mais vous avez en revanche l’obligation de demander l’autorisation de votre employeur. Il est le responsable de l’hygiène et de la sécurité dans son entreprise, et le sera donc en cas de problème avec votre chien. » Quant au cas de Médor, Philippe de Wailly se veut rassurant : il est parfaitement heureux au bureau. Eliot par exemple, s’est fait une place de star dans le bureau de Julie : juste en dessous des Unes du magazine de sa maîtresse. Pas bête.
* Philippe de Wailly, Ces animaux qui nous guérissent, Éditions Alphée, 2009.
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