Le groupe international spécialisé dans l'intérim et le recrutement Manpower a publié en mai dernier les résultats de la 8e édition de son étude annuelle sur les pénuries de talents. En complément d'une étude réalisée par Jobintree dont les résultats ont été annoncés en janvier dernier, l'étude menée par Manpowergroup auprès de 40 000 employeurs dans 42 pays au cours du 1er trimestre 2013 confirme qu'il est très difficile de trouver des candidats en France pour les métiers manuels. Les métiers de chaudronnier, de tourneur-fraiseur, de chauffeur routier, mais aussi ceux du secteur informatique peinent à trouver des candidats. En cause, la pénibilité de ces emplois, le manque de rémunération ou le manque de qualification des postulants, mais aussi le niveau d'exigences des employeurs. Petit tour d'horizon du classement établi par Le groupe Manpower.
Tourneur-fraiseur, électromécanicien, agent de maintenance, chaudronnier : l'industrie propose de nombreux postes qui ne trouvent malheureusement pas preneur, faute au manque de candidats formés pour de tels postes. Les formations techniques n'attirent pas et les conditions de travail dans ces secteurs non plus. Ces métiers subissent une crise de vocation.
Passer de longues heures à arpenter les routes, vivre loin de chez soi et trop souvent pour un salaire peu avantageux ne séduit plus. Le décret publié au Journal Officiel le 23 septembre 2012 mettant fin à l'exonération des heures supplémentaires constitue un changement important pour les chauffeurs routiers qui avaient souvent la possibilité de voir leur salaire gonfler grâce aux heures en plus passées sur les routes. Une législation qui représente certainement un frein supplémentaire aux motivations.
Les métiers techniques, dans la maintenance, par exemple subissent en 2013 une grosse pénurie de candidats. Dans les transports ou l'industrie, les entreprises n'arrivent pas à recruter. Comme l'indique l'étude Jobintree, les offres ne récoltent qu'un peu plus de 40 candidatures sur une moyenne de 100 par annonce.
Dans le secteur public, les emplois administratifs n'ont pas bonne presse. Organisation parfois chaotique, tâches répétitives, difficultés face aux objectifs ou aux demandeurs font que les candidats se font moins nombreux. Dans le secteur privé, la polyvalence est de plus en plus de mise pour pouvoir décrocher les postes en jeu.
Trop d'objectifs, la pression de vendre à tout prix et un travail de prospection intense et des clients éventuels frileux dans une conjoncture de crise : ce sont tout autant de raisons qui font que le métier de commercial ne plait plus. De plus, la rémunération, souvent de l'ordre du Smic et les commissions en complément selon les objectifs réalisés ne donnent plus envie de s'investir. Les difficultés rencontrées pour intégrer de grosses entreprises telles que les groupes d'assureurs lors des processus de recrutement en plusieurs étapes, sur le principe de l'écrémage évolutif, peuvent aussi rebuter les candidats potentiels.
Les champs d'action dans l'ingénierie sont vastes et diversifiés. Par conséquent, trouver le candidat au profil idéal et aux compétences ciblées s'avère compliqué, malgré un grand nombre d'aspirants et de diplômés. La recherche du candidat parfait contribue également au grand nombre de postes à pourvoir.
Une image négative et tenace colle elle aussi aux métiers de la compatibilité et de la finance. Ennuyeux, routiniers, fait pour les matheux, le secteur voit un grand nombre de ses professionnels partir en retraite sans avoir de nouveaux candidats diplômés pour prendre le relai.
Les métiers ouvriers souffrent d'un désintérêt flagrant. Pour faire face au manque de main d'œuvre qualifiée, les entreprises de l'industrie ont souvent recours à l'intérim pour répondre à leurs besoins. Trop contraignants et mal payés, les métiers ouvriers ne constituent plus un choix de carrière.
Les conditions d'exercice des métiers de l'hôtellerie de de la restauration sont les principales raisons du manque d'intérêt pour ces métiers. Contraintes d'horaires, rythmes de travail, travail le soir et le week-end, conditions salariales, suffisent à refréner.
Encadrer une équipe sur une plateforme téléphonique, s'assurer du bon fonctionnement d'une chaîne de production sont des fonctions qui obligent souvent à mettre la pression mais qui obligent aussi le supérieur à en subir. Une pression et des responsabilités que de moins en moins de personnes semblent avoir envie d'assumer. Le métier de superviseur vient clôturer le classement de ces métiers que la population n'a pas ou plus envie d'exercer.
Camille Coutant