Le temps où embonpoint était synonyme de pouvoir est bel et bien révolu. Dans l’imaginaire collectif, le patron idéal n’est plus moustachu et ventripotent dans son complet-veston sur le point d’exploser, mais plutôt mince et souriant.
Une étude américaine, orchestrée par le Center for Creative Leadership (CCL), pointe du doigt les kilos en trop des managers ou autre patron. Ils affectent l’image que les salariés peuvent avoir d’eux. En effet, un embonpoint est associé à un manque d’efficacité, ainsi que de gestion, ce qui pêche pour un manager. La tendance de la minceur incite à penser que si l’on a des rondeurs enrobées, c’est qu’on se laisse aller ou que l’on n’arrive pas à se contrôler. Comme l’analyse Jean-Pierre Poulain, sociologue de l’alimentation, pour Le Figaro : « Le surpoids a pris un sens typologique très péjoratif » au point de devenir « un facteur de discréditation. »
Sharon McDowell-Larsen, physiologiste, explique dans les colonnes du Wall Street Journal que « si les exigences liées au leadership sont de plus en plus intenses, les capacités physiques le sont tout autant ». Le patron idéal se devrait donc d’être propre sur lui et d’avoir un physique avantageux, qui réponde aux critères de beauté d’aujourd’hui. Un phénomène qui découle directement des injonctions des médecins, qui incitent à avoir une vie saine et à lutter contre l’obésité. Barry Posner, professeur de leadership à la Leavey School of Business, estime que nous sommes « imprégnés d’une quantité incroyable de stéréotypes sur les matières grasses. »
Une discrimination bien connue des femmes, pour qui le corps mince a une valeur marchande, comme nous l’affirme Jean-Philippe Zermati : « Plusieurs enquêtes ont ainsi montré l’impact de la beauté et de la minceur sur la réussite socio-professionnelle et les avantages que confèrent ces qualités sur le plan relationnel ou salarial, mais aussi dès l’enfance avec l’indulgence accrue des instituteurs. »
Victoria Houssay