Le Japon conjugue faible taux d'activité féminine et faible fécondité, et ces chiffres ne risquent pas de s’améliorer. En effet, il semblerait que les employeurs nippons soient passés maîtres dans l’art du « mata-hara » (pour maternity harassment), une forme de harcèlement des mères et des femmes enceintes. Un quart d’entre elles disent l’avoir subi sous une forme ou une autre : paroles désobligeantes, rupture de contrat, heures supplémentaires, et même tâches éprouvantes leur sont infligées au seul prétexte de leur ventre arrondi.
« Travailler est trop dur quand on est enceinte, vous feriez mieux d'arrêter » se serait ainsi entendu dire une employée d’un centre de soins. « Mon chef m'a dit que les salariées en contrat à durée déterminée n'avaient droit ni au congé maternité, ni au congé parental, que faire ? », questionnait une autre salariée enceinte au centre d'appels de la confédération des syndicats de travailleurs, rapporte l’AFP. Des paroles et des actes qui insidieusement finissent par conduire à l’anxiété et à la rupture de contrat des intéressées... Ainsi, il n’est pas étonnant de voir qu’au Japon, seul un tiers des femmes mariées mères d'un enfant de moins de trois ans travaillent - souvent à temps partiel - contre plus de 80% des femmes célibataires sans enfant.
Et si de plus en plus de femmes dénoncent le « mata-hara », « la plupart endurent encore en silence, sans prendre conseil auprès de qui que soit, souvent parce qu'elles ignorent que des lois garantissent le droit des femmes d'être enceinte et d'éduquer des enfants tout en continuant de travailler », regrette le syndicat. Au Japon, les femmes ont droit à un congé maternité de quatorze semaines et à un congé parental optionnel d’un an. Elles doivent par ailleurs retrouver leur poste et leurs responsabilités à leur retour dans l’entreprise.
Mais la réalité est bien souvent autre. Beaucoup de femmes se taisent et ne vérifient pas leurs droits dans un pays où il est difficile de remettre en cause sa hiérarchie. Le Premier ministre Shinzo Abe dit, quant à lui, vouloir augmenter le taux d'activité des femmes ainsi que le taux de fécondité. Des résultats qui passeront forcément par une meilleure prise en charge des questions d’égalité professionnelle et la fin des discriminations envers les mères et les femmes enceintes.
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