Najat Vallaud-Belkacem l’avait annoncé en avril dernier. Désormais, son ministère publiera chaque année un classement des grandes entreprises qui s’engagent dans la féminisation de ses instances dirigeantes. Pour sa première édition, à laquelle Terrafemina s’est associée, ce palmarès voit s’imposer Orange, juste devant Medica (maisons de retraite et établissements sanitaires) et Saint-Gobain (production et distribution de matériaux de construction innovants). L’entreprise de télécommunications peut en effet se targuer, en plus de s’être fixé des objectifs de mixité et d’avoir constitué un réseau de femmes, de compter près de 30% de femmes dans son conseil d’administration (CA), 25% dans son comité exécutif et 35% dans son top 100. Des chiffres bien supérieurs à la moyenne des entreprises sondées.
En effet, si la féminisation des conseils d’administrations a bien progressé (elle est aujourd’hui de l’ordre de 26 %), celle des comités exécutifs et de direction (ComEx et CoDir) reste encore bien trop faible (environ 12%). Et pour cause, la loi n’a fixé des objectifs chiffrés qu’aux CA : la place des femmes dans les comités exécutifs et de direction des grandes entreprises ne résulte que du volontarisme de certaines d’entre elles. Dans ce classement, cet élément est donc particulièrement mis en lumière : « Il y a actuellement une réelle déconnexion entre la féminisation des conseils d’administration et le reste des instances dirigeantes. Si les CA ont des taux corrects, il n’y a pas encore de force d’entraînement vers les ComEx. Dans 43 d’entre eux, il n’y a même aucune femme ! », note Thierry Breton, conseiller social en charge de l'égalité professionnelle au ministère des Droits des femmes.
Mais, outre l’aspect quantitatif, ce classement a choisi de mettre aussi en valeur des critères qualitatifs, comme par exemple la part des femmes dans les comités du CA en charge de la nomination et de la rémunération. Car, rappelle Thierry Breton, « même dans les conseils d’administration, les chiffres ne sont pas si bons : la réalité des mandats exercés montre que les postes de décision sont encore trop souvent occupés par les hommes ». Enfin, les sondeurs ont choisi d’évaluer les moyens engagés par ces entreprises à travers la présence d’un objectif de mixité donné aux managers et celle d’un réseau professionnel. « Deux moyens structurants et révélateurs d’une volonté d’avancer », souligne le conseiller. Et c’est, en effet, l’un des enseignements de ce baromètre, que commente Thierry Breton : « Prenez Medica et Vibrac (laboratoire spécialiste de la santé animale), deux entreprises présentes dans le top 5. Elles ont des moyens sans commune mesure avec les autres sociétés de la tête du classement mais ont pourtant toutes deux réussi à engager de réelles avancées en termes d’égalité professionnelle. Elles comptent ainsi respectivement 50% et 40% de femmes dans leurs ComEx. Preuve qu’il est impossible d’y arriver sans volonté au sommet ! »
Découvrez le classement complet des entreprises selon la féminisation de leurs instances dirigeantes.
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Notre dossier complet sur le palmarès des entreprises qui s'engagent contre le plafond de verre.
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