Elle est la digne descendante des frères Disney, co-fondateurs de l’empire Walt Disney, mais cette Américaine diplômée de Yale, Stanford et Columbia, n’a pas choisi les contes de fées pour lancer sa carrière dans le cinéma. C’est sa rencontre avec l’activiste Leymah Gbowee au Liberia qui déclenche sa vocation de réalisatrice en 2006, et qui inspire son premier film documentaire : Pray the Devil Back to Hell. Elle récidive en 2011 avec une série documentaire sur les femmes dans les zones de conflit (Women, War & Peace), diffusée sur PBS (et visible en ligne sur PBS Video).
La phrase à retenir : En ouverture du Women’s Forum à Deauville, Abigail Disney met les deux pieds dans le plat, en déclarant que la guerre est une activité « genrée », pour ne pas dire « masculine », tandis que la paix serait souvent œuvre féminine… « La première voix que l’on entend, celle qui console et qui dit je t’aime, est celle d’une femme. La voix de la femme est la voix qui civilise », assène-t-elle. D’où un plaidoyer en faveur d’une meilleure représentation des femmes dans la gouvernance des pays et des entreprises.
C’est un homme mais puisqu’ils sont les bienvenus au Women’s Forum, on ne s’interdira pas d’évoquer son intervention inspirante et très appréciée en session inaugurale. Sur le tableau de médailles de Bertrand Piccard : le premier tour du monde en ballon avec Brian Jones en 1999, et la création en 2004 du projet Solar Impulse. Il fait construire le premier planeur solaire et parvient, après cinq essais, à voler de la Suisse à la Belgique en 13 heures le 13 mai 2011.
La phrase à retenir : L’aventurier n’est pas venu épater la galerie. Il préfère aborder ses échecs, nombreux, pour proposer un éloge de la prise de risque : « Si vous vous arrêtez après un échec, cela reste un échec, mais si vous continuez, l’échec devient une simple étape de votre aventure. » Et le Suisse de conclure, dans un anglais parfait : « Everything starts with a crazy dream. »
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Pamela Ryckman
Cette journaliste freelance, qui collabore entre autres avec le New York Times, a trouvé le sujet de son livre par hasard, au cours d’un reportage sur les business women américaines. C’est au détour d’une conversation qu’elle entend les femmes qui drainent des milliards de dollars lui donner rendez-vous à leur prochain « diner group ». Des séances informelles, entre copines, où des décisions et des affaires se concluent autour d’un verre ou d’un bon repas. Elles ne sont jamais plus de dix, occupent des postes haut placés dans des secteurs très différents, de la finance à la mode et de la philanthropie à la politique, mais se retrouvent par amitié et pour échanger sur leurs projets. Dans Stiletto Network (non traduit, éditions Amacom), Pamela Ryckman raconte ces soirées « au cœur des cercles féminins qui changent la face du monde des affaires ». À lire pour s’inspirer.
La phrase à retenir : Miss Ryckman avoue avoir été impressionnée par ses objets d’étude, elle qui a débuté sa carrière dans les bureaux de Merrill Lynch et Goldman Sachs. Des femmes toutes puissantes bien loin de renoncer à leur féminité. Stilettos, sacs à main, mais aussi vie de famille et de couple, sont au programme des apéros business. « Elles utilisent leur féminité comme une force, et cassent le stéréotype de la patronne aigrie et revêche. Elles cherchent à se soutenir les unes et les autres », raconte l’auteure. Mais le plus excitant dans tout ça, c’est que les jeunes entrepreneuses font la même chose, « et voilà deux générations de femmes qui se réunissent pour faire du business ensemble », se réjouit la journaliste. « Le temps passé entre filles est devenu rentable », conclut-elle, en souhaitant aux Françaises de longues soirées de bavardage.
Floriane de Lassée
Ses clichés exposés dans le hall de l’auditorium du Centre International de Deauville font l’unanimité auprès des participants. A 36 ans, Floriane de Lassée séduit par son regard profond et intelligent sur les femmes, et par les techniques qu’elle utilise pour transcender ses sujets. L’exposition présentée au Women’s Forum rend hommage au livre qui l’a inspirée : Half The Sky, prix Pulitzer signé Nicholas D. Kristof and Sheryl WuDunn, qui traite de l’oppression des femmes et des jeunes filles dans les pays en développement.
Ce qu’il fallait retenir : Elle commence à photographier les New-Yorkaises en 2004, pour décrire sa propre solitude dans une mégapole surpeuplée et une vie à cent à l’heure. Pendant sept ans elle sillonne les grandes villes à la recherche de ces singularités féminines. En 2009, elle est sélectionnée parmi les « Rising Talent » du Women’s Forum, et rencontre le groupe L’Oréal qui lui propose de financer son tour du monde pour poursuivre son travail sur les femmes. Indonésie, Namibie, Inde, etc. Elle tâche de mettre en scène l’histoire individuelle de chaque femme, qu’elle soit poétique ou dramatique. Son cliché préféré ? Purna et Putrie, deux jeunes indonésiennes posent en uniforme dans un paysage montagneux recouvert par la brume. « D’après une étude sud-africaine, en offrant aux filles un uniforme à six dollars tous les dix-huit mois, on peut augmenter leurs chances de rester à l’école et diminuer significativement le nombre de grossesses », explique-t-elle. « Voilà comment on peut aider les gens, son dépenser des millions ».
Meena Ganesh
Cette indienne diplômée de physique a passé sa vie à créer des entreprises de toutes pièces, à les développer et les rendre profitables. Elle s’est longtemps impliquée dans la promotion de l’e-éducation avec l’une de ces sociétés, TutorVista, qu’elle a revendue au groupe Pearson il y a quelques années. Elle continue aujourd’hui d’accompagner, de piloter et d’investir dans des start-ups avec son mari, par le biais de la plateforme Growthstory.
Ce qu’il fallait retenir : Il y a bien longtemps que cette meneuse de projets a compris que l’accès à un enseignement de qualité était un levier de développement et de croissance majeur pour son pays et pour bien d’autres, non seulement pour les populations les moins favorisées, mais également pour tous les adultes qui ne connaissent pas encore les contours du métier qu’ils exerceront demain, tant les métiers évoluent. « Nous sommes des étudiants toute notre vie. Mais nous n’avons Le plus le temps ni l’argent de passer quatre années dans une université pour obtenir un diplôme. Les plateformes de e-learning et les MOOC apportent la flexibilité nécessaire pour étudier partout, tout le temps et selon ses moyens. »
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