La taille de pierre est un métier qui se féminise doucement, mais c’est un phénomène récent. En outre, certains métiers sont toujours interdits aux femmes. C’est le cas des sous-mariniers, des mineurs ou encore de nombre d’emplois liés au bâtiment et aux travaux publics. La raison invoquée ? La dangerosité de ces métiers. Autrement dit, les femmes sont toujours perçues comme des êtres plus délicats que les hommes, ce qui les écarte d’office de ces professions.
Des entreprises dans des secteurs dits plus techniques réalisent de véritables efforts non seulement pour recruter davantage de femmes, mais aussi pour les intéresser à des métiers que la société les conditionne à délaisser. Elles peuvent manifester leur volontarisme en matière d’égalité professionnelle en signant la charte Diversité ou en faisant en sorte d’obtenir le label Egalité professionnel (certification AFNOR).
C’est le cas de la SNCF par exemple qui a mis en place une politique volontariste pour une mixité au sein de ses équipes, en particulier dans les métiers techniques. Actuellement, les femmes représentent 19,9 % des effectifs SNCF, et 25 % des cadres. Elles sont majoritairement présentes dans les métiers commerciaux et les fonctions supports.
Concrètement, depuis 2006, la SNCF fait en sorte de recruter davantage de conductrices de train, de techniciennes de la circulation ferroviaire, ou encore de managers dans la maintenance et les travaux de génie civil.
Eau de Paris s’est également illustrée dans le domaine. Le monde de l’eau est un métier très technique et très masculin au départ et les femmes sont arrivées très tard via les fonctions supports (communication, comptabilité, ressources humaines, etc.). L’un des objectifs de la politique d’égalité menée par la société est de faire en sorte qu’il y ait les mêmes composantes de femmes dans toutes les strates de l’entreprise. Les moyens pour y parvenir sont divers. Il s’agit de créer des emplois mixtes, de prendre en compte le temps familial dans l’évolution de carrière ou encore de travailler sur le plafond de verre.
Des efforts similaires sont fournis par ERDF. Fin 2013 déjà, l’entreprise avait fait savoir qu’elle souhaitait ouvrir ses métiers techniques aux femmes en Rhône-Alpes et en Bourgogne. « Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’accord national ERDF pour l’égalité professionnelle hommes-femmes signé fin 2012, qui prévoit 20 % de femmes, tous métiers confondus, dans les effectifs d’ici 2015 », avait rappelé Line Terraillon, chef de projets à la DRH de la Direction interrégionale.
Depuis 2011, le taux de recrutement des femmes ne cesse de progresser. De 16 % en 2011, il est passé à 18 % en 2013. Mais les disparités au sein des types de métiers persistent. Line Terraillon a souligné que s’il n’y a pas de « difficultés majeures à recruter des femmes pour les postes de cadres ou d’ingénieurs en particulier, les choses s’avèrent plus compliquées pour les techniciens intervenant sur le réseau ou en clientèle ». 5 % de femmes en 2015, c’est le taux de femmes visé pour les métiers d’exécution, alors qu’il est de 35 % pour les cadres.
Pour le moment, la proportion n’est que de… 2,5 % et cela s’explique principalement par les représentations de genre très stéréotypées qui conditionnent aussi bien les hommes à y trouver leur compte que les femmes à renâcler devant les conditions d’exercice attachées à ce métier.
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ERDF s’attache également à faire évoluer les représentations. C’est ce à quoi se sont employées les équipes RH de Rhône-Alpes Bourgogne en collaboration avec l’association IMS-Entreprendre pour la Cité, via des interventions dans les collèges pour lutter contre les préjugés dès les choix d’orientation. Un travail en amont prolongé par d’autres initiatives internes. ERDF s’emploie par exemple à proposer à ses salariés aux profils et fonctions tertiaires, majoritairement des femmes, de se reconvertir dans des métiers « de terrain ».
Plus récemment, ERDF a instauré un nouveau plan d’action sur la période 2013-2015. Ce plan prévoit notamment d’augmenter de 15 à 20 % le nombre des femmes dans les effectifs et de favoriser les parcours professionnels à tous les niveaux de responsabilité.
Gageons qu’avec des initiatives en si grand nombre, les femmes qui souhaitent s’engager dans des métiers techniques le fassent bientôt aussi naturellement que les hommes.