Aux États-Unis, quand on souhaite obtenir une promotion ou une augmentation, mieux vaut être un jeune papa plutôt qu'une mère de famille. C'est ce qu'avance la sociologue Michelle Budig. Professeur à l'Amherst College, dans le Massachussetts, elle vient de publier The Fatherhood Bonus and The Motherhood Penalty, un essai dans lequel elle analyse les conséquences de l'arrivée d'un enfant sur les carrières des hommes et des femmes.
S'appuyant sur une analyse méthodique des données du Bureau de statistiques du Travail américain (BLS) de 1979 à 2006, le bilan dressé par Michelle Budig est sans appel. Bien ancrés dans le monde du travail, les stéréotypes de genre conditionnent, encore aujourd'hui, l'état d'avancement de nos carrières professionnelles. Tandis que les hommes qui font l'expérience de paternité sont perçus par leurs employeurs comme des salariés exemplaires, modèles de stabilité et responsables, les femmes, au contraire, sont jugées plus susceptibles de se laisser submerger par leurs préoccupations familiales.
Cette différence de perception de la parentalité selon que l'on est un homme ou une femme se ressent d'ailleurs sur les salaires. En étudiant pendant trente-cinq les revenus des Américains, Michelle Budig a mis en lumière les inégalités salariales entre hommes et femmes : tandis qu'un jeune père voit son salaire d'augmenter de 6% en moyenne, la jeune maman, elle, doit accuser d'une baisse de rémunération de 4%.
« Pour les hommes, c'est simplement le statut de père qui élève le salaire alors que chez la femme, chaque enfant supplémentaire se traduit par une pénalité financière, constate Michelle Budig. Les employeurs peuvent percevoir la performance de leurs salariées qui sont mères de familles différemment... Si vous ne voyez pas une femme au bureau et que celle-ci a des enfants, alors vous supposerez peut-être qu'elle est en train de s'occuper d'eux. »
Si l'essai de Michelle Budig ne s'applique qu'aux États-Unis, la France n'est pas épargnée par les inégalités salariales entre hommes et femmes. Ainsi, une étude de la DARES (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques) parue en 2012 montre que les femmes gagnent en moyenne 24% de moins que les hommes, à temps de travail équivalent.
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