« Désolée de vous déranger, je me demandais si …. », « Oups ! Pardon », « Excusez-moi, j'ai… ». Lorsque vous êtes au travail, vous avez l'habitude de présenter plusieurs fois par jour vos excuses à vos collègues, vos managers et à vos clients, même lorsque votre travail n'est pas en cause ? Vous n'êtes pas la seule.
D'après une étude parue dans la revue Psychological Science en novembre 2010, les femmes auraient tendance à s'excuser bien plus souvent que les hommes. La raison ? Ces dernières auraient un seuil de tolérance plus bas que leurs homologues masculins en ce qui concerne les comportements offensants. Pensant plus facilement avoir été dans l'erreur ou avoir vexé leur interlocuteur, elles se répandent donc en excuses bien plus souvent que les hommes.
Ce syndrome des « excuses permanentes » vaut aussi au travail. Vous avez du retard sur un dossier ? Vous présentez platement vos excuses à votre supérieur. Vous devez décaler un rendez-vous pro ? Vous êtes mortifiée. Vous empruntez l'agrafeuse d'une collègue ? Vous lui demandez également pardon pour ce terrible affront.
Si vous vous reconnaissez dans ce portrait (à peine exagéré), sachez que ces excuses à répétition n'ont pas vraiment comme effet d'aplanir les angles avec vos collaborateurs : elles dénotent plutôt un manque de confiance en vous et nuisent à vos relations au bureau.
C'est en tout cas le constat fait par Gabrielle Moss. Dans un article publié sur Bustle.com, cette journaliste américaine explique comment elle a un jour décidé d'arrêter de présenter ses excuses à tout bout de champ lorsqu'elle était au travail.
« Pendant longtemps, je me suis inquiétée de ne pas être assez intelligente ou maligne pour trouver ma place dans le monde professionnel, et avec cette expérience, je me suis rendue compte que j'exprimais justement ce sentiment-là à mes patrons en m'excusant constamment », raconte-t-elle sur Bustle.com.
Et ce n'est que lorsqu'elle a pris la décision d'arrêter de s'excuser pendant une semaine, qu'elle s'est rendue compte des effets néfastes que peuvent avoir ces excuses à répétition sur les relations avec les autres. « Je m'attendais à des tonnes de dérapages ou à que se présentent au fil de la semaine des occasions exigeant que je présente gravement mes excuses. Mais au final, j'ai fini par dire « désolée » trois fois. […] Au lieu de dire que j'étais désolée parce que le papier que j'écrivais était en retard, je disais simplement qu'il serait prêt bientôt. […] Et mon patron semblait tout aussi satisfait qu'il l'aurait été avec un e-mail d'excuses foireuses. Étonnamment, en évitant des situations d'excuses publiques, d'autres scénarios se sont révélés plus faciles. Quand je suis entré dans un homme qui ne regardait pas où il allait en marchant, nous avons simplement échangé un hochement de tête laconique, et nous avons joyeusement continué notre route. Des événements similaires se sont produits toute la semaine, avec des résultats similaires. Personne ne m'a insultée. Personne n'a été en colère contre moi. Aucune des choses pour lesquelles je m'inquiétais ne s'est produite. »
Pour Gabrielle Moss, le fait de présenter sans cesse des excuses à ses collaborateurs montrait surtout à quel point elle était peu sûre d'elle et de son travail. « Depuis que je travaille dans un bureau, j'ai toujours craint pour ma sécurité de l'emploi, et mes excuses étaient toutes basées sur la peur. »
Un constat mis en lumière par une étude britannique réalisée en 2013 par l'institut britannique Chartered Management Institute, et qui se penche sur le faible accès des femmes aux postes à responsabilités. « Faire des erreurs et prendre des risques sont souvent perçus comme des faiblesses. Beaucoup de filles brillantes sortent du système éducatif avec l'espoir d'atteindre la perfection, et une peur excessive d'échouer », note l'étude.
Que faire alors, quand on a tendance à trop souvent s'excuser ? Le psychologue Yves-Alexandre Thalmann a la solution : « Arrêtez de vous mettre à la place de l'autre. Avant de vous excuser auprès de quelqu'un, vérifiez que vous lui avez réellement causé du tort, par exemple en lui demandant si vous l'avez blessé. Au lieu d'anticiper ses réactions, ses émotions ou ses pensées, il s'agit de lui rendre son libre arbitre. Vous rétablirez ainsi la communication, sortirez des jeux de pouvoir, des réactions infantiles, et prendrez vos responsabilités de façon plus adulte. »