Working mum, vous tentez tant bien que mal de trouver un équilibre entre votre vie de famille et vos obligations professionnelles ? Laissez tomber, vous n'y arriverez jamais. C'est, en substance, le constat que fait le Centre pour la recherche sur l'apparence de l'université de l'ouest de l'Angleterre dans un rapport publié cette semaine et que s'est procuré le Telegraph. Commandée par Jo Swinson, la ministre des Femmes et des Égalités britannique, l'étude insiste sur le fait qu'il est impossible pour les femmes qui souhaitent concilier carrière, maternité et beauté de « tout avoir ».
Pire encore, selon le rapport, les working mums qui s'escriment à vouloir réussir à la fois leur vie de famille et leur vie professionnelle se rendent hautement préjudiciables envers leurs filles car, en ne parvenant pas à réaliser leurs ambitions « totalement irréalistes », elles transmettraient à leurs filles leurs angoisses et leur stress. S'appuyant sur plusieurs sondages, il explique que les mères de famille carriéristes exposent leurs filles à un cruel manque de confiance en elles. Complexées par leur apparence, les filles de working mums auraient, en prime, du mal à concrétiser leurs projets professionnels. Rien que ça.
Signant l'avant-propos du rapport, Jo Swinson, 34 ans et elle-même mère d'un petit garçon, affirme qu'il ne s'agit en aucun cas ici de culpabiliser les mères qui travaillent, mais plutôt d' « éclairer d'une lumière bienvenue » les pressions que subissent quelques 200 000 jeunes filles britanniques traumatisées à vie par les ambitions professionnelles de leur maman.
« Il y a aujourd'hui une rhétorique culturelle des filles et des femmes qui « ont tout ». Ces exhortations empiètent les relations entre les mères et leurs filles en créant de l'excitation et de l'anxiété, puisqu'elle donne l'impression aux femmes qu'elles peuvent tout avoir en même temps. C'est totalement irréaliste […] », explique Jo Swinson en préambule du rapport. « De telles ambitions ne protégeraient pas suffisamment les jeunes filles des "réalités du monde" et lorsque les jeunes femmes ne parviennent pas à concrétiser leurs ambitions, elles peuvent ressentir de la honte et la confusion, qui à leur tour inhibe l'activité économique du pays. »
Selon le Telegraph, le rapport a suscité un tollé auprès de groupes de parents, qui n'ont immédiatement exprimé leur « consternation ». Siobhan Freegard, la co-fondatrice du site parental Netmums explique ainsi que le rapport n'est « ni utile, ni réaliste. Nous connaissons tous un parent arrogant ou une mère très stricte, mais la majorité ne veut pas mettre la pression sur leurs enfants. »
Un point de vue partagé par Lisa Miller, journaliste au NY Mag. Celle-ci estime, dans un article publié ce lundi, que « plutôt que de blâmer les systèmes dans lesquels vivent les femmes et leur échec à garantir l'égalité au travail […], nous blâmons les femmes elles-mêmes, qui ensuite intériorisent ces critiques et se brident ». Avant d'ajouter que jamais on n'aurait l'idée d'adresser ce genre de reproches aux pères de famille bien décidés à réussir leur vie professionnelle.
Le discours de Jo Swinson est d'ailleurs aux antipodes de celui prôné par Sheryl Sandberg. Dans En avant toutes ! (Éd. JC Lattès), la boss de Facebook invite au contraire les femmes à « se bouger » pour réussir à la fois leur carrière et leur vie privée. « Les femmes mettent elles-mêmes un frein à leur carrière pour préserver leur vie de famille, même lorsqu'elles n'ont pas encore d'enfant, explique Sheryl Sandberg dans son livre. Je crois que le monde serait meilleur si la moitié de nos entreprises et des pays étaient dirigés par des femmes et la moitié de nos foyers par des hommes. »
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