Elle est votre Audacieuse humoriste de l’année 2014, mais elle est aussi la femme de l’année de la rédaction.
Florence Foresti n’en finira décidément jamais de rebondir et c’est bien pour cela qu’elle incarne les valeurs de Terrafemina. À plus de quarante ans, alors que bien des entreprises jugent qu’une femme est « senior » et devrait sérieusement songer à une reconversion dans la déco de placard ou la prise en charge de mari débordé, Foresti le prouve : sa carrière ne fait que commencer.
En effet, Florence Foresti est la preuve qu’on peut être infographiste chez EDF, arriver en djellaba au boulot parce qu’on a eu la flemme de se lever cinq minutes plus tôt et finalement décider un beau matin qu’on allait faire du « ouane woumane show ». Rien que pour cela, et parce que le changement de carrière est un de nos fers de lance, Florence est so Terra depuis bien longtemps. Mais pas que (pour ça). Forcément, son approche décomplexée de la maternité, et la révolution suscitée par le spectacle Mother fucker dans le petit monde propret des mères parfaites aura décomplexé à jamais toutes les galériennes que nous sommes, et pour cette raison aussi, Foresti est et restera icône Terra à jamais. Un peu comme Alain Delon avec les miss France, la destitution en moins.
Mais pourquoi femme de CETTE année, alors, vous demandez-vous ? Parce que la Foresti en avait encore sous le capot. Alors qu’elle aurait pu s’endormir sur les lauriers que lui ont tressé la presse, le public et la profession dans son ensemble pendant qu’elle lambinait au parc, l’"humoriste la plus douée de sa génération" s’est remise au boulot pour nous concocter un nouveau spectacle* et rendre au féminisme ses lettres de noblesse.
Nous sommes bien placées pour le savoir, se revendiquer féministe en 2014, n’en déplaise au petit monde de la mode qui se plaît à parader tout de Chanel vêtu en brandissant des pancartes griffées, c’est pas si facile. Dans la vraie vie, s’entend. Et comme Florence, même si elle est très très connue, restera toujours notre girl next door, le fait qu’elle assume le sien haut et fort nous a fait du bien. D’autant qu’au passage, notre copine virtuelle aura eu le courage de tacler ses idoles de toujours, les Rihanna, Beyoncé et consors, lesquelles nous énervaient depuis un petit moment à trémousser leurs fesses dévêtues sur des peaux de bête en tirant la langue sous prétexte de porn-parité.
Son sketch de fin de spectacle où, prenant la voix d’Arletty, elle met en garde la génération de nos filles contre un néo-féminisme dégradant, fera date. Pouvait-on trouver meilleur outil que l’humour d’une grande dame respectée de tous pour dénoncer le grotesque d’une sexualité débridée brandie comme preuve d’une prétendue émancipation féminine ? Sans se soucier des retours de bâton, celle qui voudrait qu’on se fasse toutes appeler Madame nous montre le chemin sans hargne ni discours moralisateur. Et ça, c’est la classe.
Quarante ans tout juste, une maternité imparfaite qui lui a filé le baby-boost plutôt que de lui couper les ailes en plein envol professionnel, un renouvellement perpétuel, Florence Foresti est un cri d’espoir lancé à toutes les femmes qui, comme elles, se demandent ce qu’elles vont faire de cette « seconde partie de vie » qui s’offre à elles. La réponse ? Plein de trucs, car le meilleur reste à venir, et ça file bien la pêche pour cette nouvelle année qui s’annonce.
Nous, on dit Madâme Foresti.
* Madame Foresti