La dernière étude publiée par l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS) dresse le bilan des maladies professionnelles. En 2010, on dénombrait 50 688 cas de maladie professionnelle en France. Un chiffre en hausse de presque 3% par rapport à la précédente étude réalisée. La Caisse nationale de l'Assurance Maladie des travailleurs salariés (Cnmts) indique qu'un grand nombre de maladies professionnelles sont liées à l'amiante. L'Insee confirme cette information en précisant que 4 877 cas de cancers ont été enregistrés en 2011. Toutefois, même si 85% des décès provoqués par les maladies professionnelles sont en partie attribuables à une exposition à l'amiante, la hausse du nombre de maladies professionnelles reconnues en France est due à l'augmentation considérable des TMS, les troubles musculo-squelettiques. Ceux-ci représentent en effet plus de 85% des maladies professionnelles.
Les troubles musculo-squelettiques ou TMS touchent les muscles ou les tendons des articulations des membres supérieurs, surtout au niveau du dos. Tendinite de l'épaule, tendinite du canal carpien, épicondylite, lombalgie, sciatique sont tout autant de noms techniques qui caractérisent ces maux que l'on peut ressentir selon la profession exercée. Les troubles musculo-squelettiques peuvent se révéler pénalisants aussi bien pour l'entreprise que pour le salarié. L'absentéisme, l'arrêt maladie, voire l'inaptitude à un poste peuvent en être les conséquences, lourdes à gérer.
Les causes des troubles musculo-squelettiques sont multiples et l'on retrouve les TMS dans de nombreux secteurs d'activités. Les salariés du secteur médico-social, les aides-soignants, les salariés de l'agroalimentaire travaillant sur des chaînes de production, les salariés de la grande distribution comme les hôtesses de caisse, les techniciens de surface, mais aussi les employés dans le bâtiment sont régulièrement sujets aux TMS. Les salariés assis derrière leurs bureaux sont beaucoup moins exposés, bien qu'une mauvaise organisation du poste de travail et certaines positions puissent favoriser l'apparition de troubles. Les facteurs qui favorisent les risques sont les postes de travail avec la répétition du même geste à une cadence élevée ainsi qu'une posture inadaptée. L'organisation du travail et l'environnement contraignant peuvent aussi favoriser l'apparition de troubles musculo-squelettiques : le manque de pause, le climat social de l'entreprise (manque d'autonomie, manque de solidarité, stress, surcharge de travail, incertitudes, cadence) sont tout autant de facteurs jouant sur notre santé.
Comme l'indique l'Association interprofessionnelle de santé au travail (AIST), certains symptômes peuvent mettre la puce à l'oreille. Fatigue localisée, courbatures, lourdeur et inconfort, engourdissements, picotements, crampes, maladresse, douleurs, limitations fonctionnelles, rougeurs éventuelles ou bien encore des gonflements peuvent être des signes avant-coureurs. Les troubles musculo-squelettiques s'installent progressivement. Tout peu commencer par une simple gêne dans le bras. Cette gêne peut toutefois, à long terme, causer des dégâts et agir sur votre mobilité. Certaines personnes sont plus prédisposées que d'autres sans vraiment le savoir. Mais ce sont surtout les salariés qui sont amenés à effectuer les mêmes tâches répétitives au quotidien qui s'avèrent être le plus sujets à ce type de maladies. En entreprise, l'absentéisme régulier d'un salarié ou un manque d'efficacité peuvent être des signes révélateurs.
La médecine du travail est formelle, un trouble musculo-squelettique peut être long à soigner. Le traitement le plus efficace est d'agir sur la cause, c'est-à-dire sur les conditions et/ou l'environnement de travail. Diminuer la cadence, établir une rotation des postes peuvent être des solutions. Le véritable traitement reste cependant l'arrêt maladie. Selon les cas, la prise en charge varie. Séances de massage chez le kiné, infiltrations, physiothérapie et, pour les cas les plus sérieux, opération suivie de 3 mois à 1 an d'arrêt. Comme pour beaucoup de maladies, si les TMS sont pris en charge au début de leur apparition, il est possible de s'en remettre facilement. Pour minimiser ces risques, agir sur la conception des postes de travail, sur l'environnement professionnel, paraît essentiel.
Des visites médicales périodiques en entreprise sont organisées tous les deux ans. Pour les travailleurs de nuit, ces visites ont lieu tous les 6 mois. Dans le cadre de professions exposées à des risques chimiques, la visite est annuelle. Il y a aussi possibilité de faire part de ces symptômes lors de la visite d'embauche. Les personnes déjà à l'arrêt depuis plus de 3 mois pourront aborder le sujet des TMS lors d'une visite de pré-reprise. Des visites peuvent également être organisées à la demande du salarié ou de l'employeur. Dans tous les cas, n'attendez pas de rencontrer un médecin du travail pour en parler. Votre médecin traitant sera tout à fait en mesure de diagnostiquer un éventuel trouble et de vous orienter pour une prise en charge avec des soins adaptés.
Camille Coutant