Jean-Michel Rolland définit la nomophobie comme une forme d'addiction concernant « toutes les personnes qui donnent l'impression d'abuser de l'usage » des nouvelles technologies, c'est-à-dire qui utilisent les outils technologiques (ordinateur, tablette, smartphone, réseaux sociaux) dans l'excès. Le terme de nomophobie reste peu connu mais peut équivaloir à celui de cyberdépendance. Cette attirance prononcée pour les technologies agit directement sur notre quotidien car elle développe sans cesse notre disponibilité et nos besoins d'interactivité. Comme le note Jean-Michel Rolland, « avec les technologies, on ne sait plus être absent ».
Si après avoir lu ces lignes, vous commencez à vous poser des questions au sujet de votre dépendance aux technologies, il existe plusieurs signes qui peuvent vous mettre la puce à l'oreille. Les nuits entières passées sur Internet peut être l'un des premiers signes annonceurs. Si vous ne pouvez plus éteindre votre téléphone ou délaisser votre écran, comme si ces outils étaient devenus des prolongements de vous-même, tels des « prothèses »… Si vous arrivez à jongler entre télévision, ordinateur et smartphone, tout cela en même temps… Si vous constatez que depuis quelques temps, votre capacité à anticiper a grandement diminué… Alors vous avez de grandes chances d'être nomophobe.
Si l'apparition et la banalisation des outils technologiques facilitent le travail à distance et mettent les personnes en relation, ils ont dans un même temps engendré d'importants bouleversements dans le monde professionnel.
Ces évolutions technologiques favorisent en effet une communication sans limite, autant pour les échanges personnels que professionnels, ce qui rend difficile la dissociation entre vie pro et vie perso. Comme le rappelle Jean-Michel Rolland, un cadre est ainsi dérangé toutes les 3 minutes par un mail au bureau.
La question de la maîtrise des outils technologiques devient une préoccupation majeure de l'entreprise. En effet, celle-ci n'étant pas la même pour tout le monde, il devient essentiel d'aborder le sujet au préalable, notamment lors du processus de recrutement. Les entreprises se regroupent d'ailleurs entre elles au sein de réseaux pour aborder cette nouvelle problématique de gestion.
Autre conséquence : l'utilisation massive des messageries donne lieu à des jeux en interne. La messagerie évite les confrontations et son usage à des fins stratégiques se banalise. Jean-Michel Rolland nous en donne un exemple : « Certaines entreprises interdisent le mail le vendredi soir pour éviter les situations où du travail supplémentaire à effectuer pourrait être demandé aux salariés par ce biais. » L'impact est surtout sociologique : « À distance, on est loin du lien social, le contrôle peut prendre le dessus. » Ou pire : on en vient à oublier que « derrière l'outil, il y a l'être humain. »
Comme l'indique Jean-Michel Rolland, « s'il y a une demande, c'est que l'on est déjà conscient qu'il y a un abus ». Et la prise de conscience est l'élément fondamental d'une désintoxication sur la base du volontariat. Jean-Michel Rolland conseille tout d'abord de « faire un audit de soi-même et de son utilisation ». Il faut s'accorder du temps pour essayer d'analyser son rapport à l'usage des nouvelles technologies pour avoir une vision concrète de leur utilisation. Après quoi, il est important de distinguer quels sont les éléments que l'on estime dérangeants dans son utilisation pour pouvoir mettre en place des « alertes » qui rappelleront l'excès. Il est possible d'installer un compteur sur son ordinateur pour voir combien de temps nous passons en ligne, tout comme limiter son accès à Internet grâce à un système qui coupe la connexion après un temps défini.
Il est aussi vivement conseillé de soigner sa dépendance technologique en pratiquant d'autres activités. Mais la remise en question face aux outils technologiques ne tient qu'à vous. En effet, libre à vous de vous demander si la dépendance a vraiment une influence négative sur votre vie professionnelle ou sur votre vie personnelle.
Le XXIe siècle a engendré tant d'innovations technologiques qu'il paraît aujourd'hui difficile d'imaginer nous en passer, tant celles-ci ont révolutionné notre vie. Mais ces outils qui ont bouleversé notre communication nous imposent aussi implicitement d'être toujours présents et connectés et entraînent, de fait, une dépendance basée sur le « fantasme de ne plus couper le lien ». Que l'on décide de se passer des nouvelles technologies ou de les utiliser en parvenant à ne pas être dépassé, une grande question subsiste : « A-t-on encore le droit d'être absent ? »
Camille Coutant
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