La révélation a lieu lors d’une mission d’hôtesse au Salon du chocolat il y a cinq ans. Victoire Finaz, étudiante à l’institut PsychoPrat’ (Ecole de psychologues Praticiens) y découvre la complexité d’un univers de gastronomes : « Mon arrière-grand-père était chocolatier, pourtant j’avais toujours mangé du chocolat sans éduquer mon palais aux nuances et aux arômes. » Dès lors elle rassasie sa curiosité à force de lectures et de voyages pour mieux connaître son or noir. Mettant à profit son mémoire de recherche en psychologie cognitive en traitant « l’expertise en chocolat », elle rencontre Pierre Hermé et tous les pontes du milieu. Les mêmes qui, deux ans plus tard, lui dérouleront le tapis rouge pour qu’elle intègre le très sélect Club des Croqueurs de chocolat.
En parallèle d’un master de marketing à HEC, elle se met à animer des ateliers de dégustation sur des salons, pour les entreprises et les particuliers : « En faisant goûter mes sélections des meilleurs chocolatiers j’ai acquis une bonne connaissance du marché » explique-t-elle. Après un stage chez Kraft à Madrid, elle commence à cogiter sur un nouveau concept de vente de chocolat, et trouve deux investisseurs prêts à participer à l’aventure.
Elle rêve d’un concept-store rien qu’à elle, moins guindé que les boutiques des grands chocolatiers : « J’ai passé un an sur ce projet de magasin, mais la crise a fini par me faire renoncer, je craignais de ne pas m’en sortir avec les charges fixes. » C’est alors que la bonne fée frappe de nouveau : Pierre Hermé lui propose un stage de fabrication de chocolats, « un savoir-faire qui m’a donné envie d’inventer mes propres recettes, autour d’une marque qui raconterait une dégustation de chocolat ». Un business plan, une étude de marché, et le recrutement d’une experte en marketing web s’imposent : la gamme de ganaches et pralinés sera vendue sur Internet, Victoire veut conquérir le marché des provinciaux amateurs de chocolats fins.
La griffe Abanico – mot qui signifie « éventail » en espagnol, comme l’écrin de ses friandises tout juste primé aux Pentawards 2010 parmi les plus beaux packaging du monde-, naît de l’association de deux investisseurs passionnés de cacao avec Victoire Finaz : 450000 Euros de mise de départ et un emprunt autour de 300000 Euros devraient faire avancer la SAS jusqu’à fin 2011. « Au bout d’un an, je suis assez satisfaite de mon bilan, nos produits intéressent aussi les entreprises de luxe pour leurs cadeaux clients, c’est une bonne surprise. J’espère atteindre la vente de 5000 boîtes, soit environ 150 000 Euros de chiffre d’affaires à la fin de l’année », déclare, confiante, la directrice d’Abanico. L’ouverture du show-room parisien et les fêtes de Noël pourraient en effet venir gonfler les ventes de la marque à l’éventail : l’année dernière un grand joaillier a commandé 1500 boîtes d’assortiments pour féliciter ses employés.
- être sûr de sa passion
Bien connaître son domaine, ne cesser de se documenter, observer, apprendre
- être incroyablement persistant et aller au bout de ses convictions
Il faut être capable d'affronter les mauvaises nouvelles et de se remettre en question, sans pour autant baisser les bras et se laisser décourager
- bien s'entourer
Il m'a paru indispensable, tout au long de la construction et de la réalisation du projet, de s'entourer des "bonnes personnes" et faire appel à des compétences ciblées pour "démouler" et "exécuter" le projet au quotidien
1er semestre 2008 : Analyse du marché des chocolatiers de luxe en Europe, élaboration du concept et recherche de partenaires financiers.
Janvier 2009 : Décision de mettre de côté le projet de boutique. Mise au point d'un nouveau business plan en vue de lancer la marque sur Internet.
24 Novembre 2009 : Ouverture officielle du site abanico-chocolat.com
Avril 2010 : Lancement du site Internet-Boutique en version anglaise, ouverture des livraisons partout en Europe et premiers Ateliers de Dégustation Abanico animés à Londres.
Back to black : le grand retour du chocolat noir
Salon du chocolat : entretien avec sa créatrice, Sylvie Douce
Retrouvez tous les lundis nos portraits de créateurs dans le Parisien Economie