L’histoire, comme souvent, démarre autour d’un verre, dans un bar à vin du très chic quartier de Notting Hill, à Londres. Deux amis français parlent projets d’entreprise, avant de se rendre à l’évidence : ils ont la même idée. Plusieurs de leurs connaissances sont inscrites au British military fitness (BMF), des cours de sport en plein air donnés par des militaires. Un concept qui cartonne déjà outre-Manche depuis plusieurs années. « Il n’y avait rien d’équivalent à Paris, et aucune raison pour que cela ne marche pas, raconte Jean-Philippe Benoist, 32 ans, l’un des créateurs d’Urban Challenge : les Français sont encore plus réticents que les Anglais à pratiquer du sport en salle ! ».
Quelques mois plus tard, Mélanie Vuagnat et Jean-Philippe Benoist quittent tous deux Londres. Et, le 14 août 2010, un an après leur première discussion, lancent leur entreprise. Il leur aura fallu près de six mois de réflexion et de préparation, pour mettre le concept au point. Urban Challenge propose des cours d’une heure dans les parcs et sur les ponts parisiens encadrés par des pompiers, des militaires ou des sportifs de haut niveau. Au total, les participants pratiquent plus de huit familles d’activités (abdos, course, équilibre…) pour un renforcement musculaire ou cardio sur quai, escalator ou banc public. « Pourtant, même avec ce que nous avions appris de notre étude de marché, tout n’était pas parfait. Il a fallu réadapter les cours, un peu trop « militaires » : personne ne voulait ramper dans un jardin public ! »
« Il faut être un peu tête brûlée pour se lancer »
Malgré tous ces efforts, les débuts ne sont pas à la hauteur de leurs attentes. Les objectifs « très ambitieux » fixés par leur business plan sont loin d’être atteints. Deux membres seulement sont inscrits le premier mois au lieu des 150 personnes prévues. Une situation d’autant plus difficile que les deux associés n’ont bénéficié d’aucune aide, et ont investi 40 000 euros de fonds propres. « Il faut être un peu tête brûlée pour se lancer là-dedans. On renonce à un salaire, et on est en permanence dans l’incertitude. C’est pour cette raison que le partenariat apporte beaucoup, on se pose moins de questions à plusieurs. » Et chez Urban Challenge, chacun a sa spécialité : Mélanie Vuagnat est en charge de la communication et du marketing et Jean-Philippe Benoist de la finance et du développement technique.
Après quelques mois, le bouche-à-oreille a finalement fonctionné. À la fin de la première année, 250 personnes étaient inscrites contre 750 aujourd’hui, pour 9 lieux de cours actuellement ouverts dans Paris et la région parisienne. « Et ce n’est pas fini, nous aurons deux nouveaux lieux dans Paris intra-muros d’ici juin et deux en Île-de-France d’ici septembre. » En 18 mois, l’affaire est donc devenue rentable et les deux associés peuvent aujourd’hui se verser un salaire. Ils se sont même installés dans de nouveaux locaux depuis deux mois et comptent embaucher des coaches supplémentaires. La recette de leurs succès ? « Avoir de bons profs, c’est essentiel, sinon, les gens ne reviennent jamais. Ils adhèrent et aiment le concept, et c’est sans doute de cela dont je suis le plus fier ! »
Ses conseils :
S’assurer d’avoir suffisamment de fonds, voire plus que nécessaire : un business plan ne se réalise jamais aussi bien que prévu, mieux vaut donc voir large, sous peine d’être obligé de cesser son activité.
Être prêt à s’adapter, à changer de modèle, à faire des ajustements en fonction de la réalité, qui, encore une fois, est souvent éloignée de son business plan.
Bien choisir ses associés : c’est une vie commune, presque une vie de couple, il faut y être préparé !
Sa bio :
1979 : naissance à Paris.
2003 : diplôme d’ingénieur de l’Ecole Polytechnique Féminine à Sceaux (Hauts-de-Seine).
2009 : première discussion autour du sport en plein air avec Mélanie, sa future associée.
14 août 2010 : lancement d’Urban Challenge.
2012 : développement géographique sur Paris et la proche banlieue.
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