Dans certains secteurs d’activité, la formation continue n’est pas seulement un droit, c’est une obligation. Pourtant, peu d’outils existent pour vérifier l’impact et le retour sur investissement de ce type de session. Il serait même prouvé que deux jours après une formation, le collaborateur lambda a oublié 80% de son contenu. C’est pour remédier à cette perte d’énergie et d’efficacité pour les entreprises que Lara Pawlicz s’est décidée à créer sa boîte. « On ne peut pas dire que c’était ma vocation », confie-t-elle, « le projet s’est imposé de lui-même dans ma carrière ». Après des études de gestion à Paris, Lara passe par plusieurs grands groupes -3M, Philips, Gemalto-, elle y observe les ratés des formations destinées aux forces de vente : une mobilisation intense à l’instant T, mais une appropriation très faible des informations à l’arrivée. Elle travaille ensuite dans l’édition de logiciels en Belgique puis au Canada, et développe des compétences précieuses pour son futur projet. De retour en France en 2010, elle sent un vent favorable à la création d’entreprise, « les structures d’aide et l’écosystème s’étaient développés, j’ai senti que c’était le bon moment ».
À bientôt 40 ans, la mère de famille conçoit son premier business plan, qui lui vaut d’intégrer l’incubateur Paris Pionnières. Au-delà de locaux, elle y trouve un accompagnement, des contacts et un réseau d’investisseurs potentiels. Six mois plus tard et grâce à une subvention Oséo de 20 000 €, la société 2Spark learning voit le jour. « C’est à ce moment crucial que j’ai trouvé un associé technique, grâce à une annonce que j’ai publiée sur le site des anciens élèves d’une école d’ingénieurs », raconte-t-elle. Convaincu par le projet, Alain Boltz quitte un poste à responsabilités pour développer le logiciel 2Spark learning.
Pour enrayer ce que les scientifiques ont appelé la « courbe de l’oubli », ils imaginent un système intelligent basé sur la répétition et l’engagement. Sous la forme d’un parcours individualisé de 6 mois à un an, cette « formation d’ancrage des connaissances » interroge chaque jour le collaborateur sur deux questions, et l’incite à revenir le lendemain grâce à un système de points, de cadeaux, ou la délivrance d’un certificat d’expertise. « Autant de leviers de reconnaissance à faire valoir au sein de l’entreprise », explique Lara, qui revendique le succès de sa méthode, chiffres à l’appui.
L’offre séduit les départements RH, parce qu’elle s’adapte à chaque entreprise et au contenu de ses formations. Après une année 2012 pilote qui a convaincu cinq grandes entreprises dans l’industrie, les télécom, ou le retail, et qui a vu se déployer la plate-forme en ligne dans douze pays européens, la société prévoit une levée de fonds au printemps. Objectifs : développer ses équipes, et approcher des secteurs où la formation joue un rôle-clé, comme la santé ou les transports.
Parler aux clients et autres acteurs du marché : toutes les bonnes idées viennent de là
Avoir confiance (dans les autres, en soi), cela permet de démultiplier sa portée
Se faire accompagner, on y gagne beaucoup en vélocité
15 février 1972 : Naissance à Paris
1995 : Diplômée de l’Institut Supérieur de Gestion (Paris)
1996-2000 : International Product Manager, Philips Healthcare
2002-2003 : Senior Product Manager, Gemalto
2006-2010 : Directrice de développement, Coreculture e-learning, Canada
2011 : création de 2Spark learning, SAS au capital de 17 919€
Retrouvez tous les lundis nos portraits de créateurs dans le Parisien Économie.