La success story de Nathalie Fargeon et Adèle Bounine n'a pas démarré après une grossesse mais à la toute fin de leurs études à HEC, où toutes les deux avaient choisi la spécialisation « entrepreneur ». L'idée émane de conversations avec leurs copines, sœurs ou cousines enceintes « qui vivaient assez mal de prendre 10 kilos et de devoir s'habiller avec des fringues ultra basiques, voire ringardes », se souvient Nathalie. Elles ne pensaient pas créer leur boîte aussi vite, mais entre elles le courant passe et leur idée de départ devient vite une conviction : les femmes enceintes sont des « digital mums », elles achètent en ligne, elles sont actives et veulent avoir un look, même avec un gros ventre.
En faisant le tour des créateurs spécialistes de cette cible exigeante, elles découvrent une poignée de petites marques tendance qui ne sont pas distribuées en France. L'exclusivité des produits et l'œil des dénicheuses férues de mode constitueront les deux clés du succès de leur entreprise.
Pour financer leur projet, Adèle et Nathalie ont pris les devants en profitant des prêts étudiants avant la fin de leurs études : elles disposent de 20 000 euros chacune. La première année, elles obtiennent également un prêt garanti de 30 000 euros grâce au FGIF, Fonds de garantie à l'initiative des femmes, qui soutient spécifiquement les créatrices d'entreprise. Elles lèvent enfin 130 000 euros auprès de business angels et de leurs proches. Pour la conception de leur site, elles prennent le temps de choisir le bon prestataire et déboursent 20 000 euros, pour trois mois de développement. Avec le recul, Nathalie se souvient de cette période de vide qui a suivi le lancement du site émoi-émoi.com : « Pour nous faire connaître nous avons dû innover sans budget de communication ». L'opération essayage à domicile avec shooting photo séduit les premières clientes, « et la moitié d'entre elles reviendront et en parleront à leurs copines ». Le bouche-à-oreille et une bonne presse sur les réseaux sociaux feront le reste.
Deux ans plus tard, Adèle et Nathalie résilient le bail de leur petit local de stockage à Arcueil et, ne pouvant plus faire face la demande, délèguent la partie logistique à un prestataire. L'offre s'étoffe avec un corner beauté sur le site et une version anglaise voit le jour. Avec 80% de marques distribuées exclusivement sur Émoi émoi, la boutique attire aussi les acheteuses brésiliennes, anglaises, etc. Objectif pour la suite ? Réaliser 30% des ventes à l'étranger, sans rien lâcher sur le style, le confort et la qualité.
Ne pas négliger la mise de départ. Ce n'est pas parce qu'on crée une entreprise sur Internet qu'il faut négliger le financement. Sans pas de porte, il faut avoir les moyens de faire connaître son site (acquisition de trafic, communication).
Bien s'entourer. Choisir un associé solide et de confiance, solliciter les proches pour toutes leurs expertises, parler de son idée à d'autres entrepreneurs.
Placer le produit au centre de ses priorités. Le bouche-à-oreille ne peut fonctionner que si l'on a un produit de qualité qui répond à un besoin. Aimer son produit est aussi un facteur-clé pour bien le vendre.
20 novembre 1985 : naissance à Croix (Nord).
2009 : diplômée d'HEC Paris, majeure entrepreneur
Janvier 2010 : création de la SAS émoi émoi
Avril 2010 : lancement du site émoi-émoi.com
2012 : lancement de la version anglaise
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