LeWeb c’est un peu le Women’s Forum en plus mâle et plus digital. Beaucoup de buffets, de cafés, de bonbons, des speakers passionnants, des VIP aussi, des jeunes talents de tous les pays, et trop peu de temps pour ingurgiter, écouter et réseauter avec tout ce beau monde. Une pause lunch entre femmes s’est tout de même organisée grâce à Delphine Ernotte, patronne d’Orange France. Belle initiative, saluée par les invitées qui chacune leur tour se sont quand même étonnées : 11 femmes pour 103 speakers ?
Il serait injuste et trop facile de s’en prendre aux organisateurs et fondateurs, en l’occurrence un duo paritaire, Loïc et Géraldine Le Meur. Une femme pour dix hommes, c’est exactement le sex ratio dans la création d’entreprises innovantes en France. Au lieu de se lamenter sur le manque de femmes dans les filières d’ingénieur et dans le numérique en général, on a préféré bavarder avec celles qui étaient-là. Sans regrets.
Cette jeune journaliste est venue de Lettonie avec ses deux associés pour présenter les nouvelles fonctionnalités d’Infogr.am, un outil qui permet à tous les ignares en graphisme de créer des infographies stylées à partir d’un ensemble de DATAS. Elle a rejoint les deux fondateurs il y a quelques mois, persuadée de l’avenir de ce logiciel pour les médias et les ONG : « les journalistes n’ont pas de compétences graphiques et peu de temps pour mettre en forme et synthétiser des données, alors que le public est friand d’infographies ». Infogr.am regroupe déjà 1 million d’utilisateurs aux États-Unis, en France, en Russie et au Brésil. Nika est chargée de développer les usages de l’outil, d’aider les utilisateurs à travailler leur message et leurs infographies pour être compris. Sur LeWeb 2013, les trois associés présentent leur nouvelle fonction vidéo, encore en développement. Ils font partie de la sélection des 25 start-ups de la compétition LeWeb 2013.
A 31 ans, Danièle Attias pilote des projets de communication digitale pour la maison Hermès, « un challenge et un privilège » selon cette fan de la griffe, qui s’est formée en alternance en commençant par un BTS pour terminer sur un MBA en e-business à l’école supérieure de gestion (ESG). Elle n’a pas démarré sa vie active dans le luxe, mais au sein du commissariat d’énergie atomique (CEA), puis de la fédération du verre, toujours en charge du marketing et de la communication digitale. Hermès est venu la chercher en 2010 et depuis elle est fière de bosser pour une marque « qui sait innover autant tout en sauvegardant son aura.»
Croisée au déjeuner tenu par Delphine Ernotte, cette pétillante jeune femme peut se vanter d’être l’une des trois seules femmes associées dans un fonds d’investissement en France. En l’occurrence IRIS Capital, le fonds qui gère l’initiative venture Orange-Publicis, et fonds pionnier dans le secteur du digital. Elle sait que pour arriver dans ce milieu ultra-masculin et gagner la confiance de ses associés, mieux vaut présenter un CV solide. Elle capitalise sur ses compétences techniques –elle est ingénieur de formation- et financières, mais aussi sur son expérience en développement de start-ups et de consultante en stratégie chez Mc Kinsey. Elle juge « catastrophique » le petit nombre de femmes dans le monde des investisseurs et du digital, « je pense qu’elles passent moins de temps à se rendre visibles et à cultiver leur réseau, mais c'est en train de changer, la preuve aujourd'hui. »
Anne de Kerckhove a créé sa première start-up à 25 ans, et l’a rendu profitable au bout de trois ans. Elle a ensuite fondé le premier cloud national en wifi, avec la société Inspired Gaming group, qui est passée de 3 à 3000 personnes en quelques années. Cette mère de deux enfants est ensuite passée chez Reed Midem, à la division entertainment, précisément la société qui a racheté la marque LeWeb à Loïc Le Meur en 2012. Mais son âme d’entrepreneur reprend le dessus lorsqu’une amie lui propose de développer Videology, spécialiste de la publicité et de l’espace média, en juin 2012. Elle a pris la direction européenne de ce groupe présent dans 26 pays.
Après avoir créé deux start-ups, Stéphanie a rejoint Etsy en 2009 pour lancer la plateforme en France. Le groupe qui fédère une communauté mondiale de créateurs d’objets faits-main, est devenu la référence du « Do it Yourself » et atteindra en 2013 le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Ingénieur télécom de formation, Stéphanie a toujours travaillé dans des environnements masculins, et y voit plutôt un avantage, voire un confort. Ce qu’elle aime, ce sont les challenges et les lancements, c’est pourquoi elle n’a pas hésité l’été dernier à quitter Etsy pour diriger l’antenne française de Pinterest. Elles ne sont que deux collaboratrices en France, mais dans cette entreprise « collaborative », « on ne se sent jamais seul » selon Stéphanie, qui décrit avec enthousiasme une société « en mouvement permanent, capable d’innover très rapidement et très à l’écoute de ses utilisateurs ». Elle salue aussi le charisme du patron de Pinterest, Ben Silbermann, « c’est un visionnaire qui embarque tout le monde mais qui a néanmoins une stratégie très raisonnée et méthodique ». Un véritable atout pour les 200 collaborateurs de Pinterest éparpillés sur la planète.
Née en France, cette entrepreneuse est passée par l’Ecosse et l’Australie pendant ses études pour s’installer finalement à Londres. En 2000, elle est recrutée sur un Forum pour bénéficier d’une formation en interne proposée par British Telecom, une aubaine pour apprendre un métier et mettre les deux pieds dans l’univers des technologies. Elle gère de grands comptes et travaille à l’intégration du digital dans leurs process de vente et de communication. Elle se retrouve bientôt à l’aube du boum de la webcam, assiste aux balbutiements du téléphone vidéo et repère une jeune start-up qu’elle croit plus que prometteuse : Skype. Fatiguée de la machine procédurière d’un grand groupe, elle rejoint la petite aventure Skype en 2004, avec le recul, elle dit « n’avoir jamais plus rencontré une équipe aussi passionnée, soudée et compétente à la fois ». Avec la qualité du produit, c’est selon elle le premier facteur de réussite d’une start-up, un sujet sur lequel son expertise et son influence sont largement reconnues. Après avoir multiplié les expériences dans les projets digitaux sur des verticaux très divers, elle a créé Rougefrog en 2008, une agence d’accompagnement des start-ups, qui compte parmi ses clients YPlan et Withings, et qui travaille autant avec les start-ups londoniennes, que parisiennes, danoises ou asiatiques. Passionnée au point de transformer son métier en engagement, elle cherche à promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes à travers des actions de réseau et de clubs. Elle rêve de faire entrer les start-ups dans les lycées et universités, et d’imposer la matière « entrepreneuriat » dès l’école primaire.
Cette américaine est reconnue comme une pionnière des médias sociaux. Après avoir travaillé chez Google, Microsoft et Salesforce.co, elle a créé Hearsay Social, un service leader dans le développement du marketing sur les réseaux sociaux pour les entreprises, qui offre à des grandes entreprises l’opportunité de consolider leur CRM, de booster leur croissance et de promouvoir leur marque sur les médias sociaux. En 2007, elle a créé une application de social Business appelée « Faceforce », et a publié un essai devenu best-seller : The Facebook Era : Trapping Online Social Networks to Market, Sell and Innovate. Le livre est aujourd’hui utilisé comme manuel de référence à Harvard. Elle a été désignée comme l’une des entrepreneuses les plus puissantes par plusieurs médias. Elle également membre du conseil d’administration de Starbucks.
Depuis Juillet 2011, cette Française passée par la Sorbonne, Normale Sup et Sciences-Po dirige Le groupe OZON, le premier groupe e-commerce russe qui comprend Ozon Travel, Ozon.ru (équivalent d’Amazon en Russie), O’Courier et Sapato. La Française qui parle couramment sa langue d’adoption à fait progresser le chiffre d’affaires du groupe de 67% en 2012. Avant d’intégrer Ozon, Maelle Gavet a travaillé pendant six ans au sein du Boston Consulting Group. Invitée de la table ronde « Digital Women » lors de la conférence LeWeb, elle avoue son malaise à l’idée d’évoquer les femmes en tant que telles, considérant que les « roles model » ne relèvent pas d’une question de sexe, mais de capacité à incarner et à porter des idées. Elle r
Zena Sfeir, co-fondatrice Sohati.com, Liban
Zena a grandi au Liban et fait ses études entre Paris et Beyrouth. Elle est venue au Web avec une délégation arabe pour présenter Sohati.com, un site qu’elle a co-fondé avec trois amis. La valeur ajoutée de ce Doctissimo en arabe est d’oser aborder sous angle médical des thèmes comme la psychologie ou la sexualité. « Nous réalisons notre plus forte audience en Arabie Saoudite, où de nombreux sujets sont encore tabou et où il n’y a qu’une seule chaîne de télévision », confie Zena. Tous les articles publiés sur Sohati sont écrits et cautionnés par des médecins reconnus. Au lieu d’opter pour un forum de discussion traditionnel, Sohati propose deux fois par mois un tchat avec un spécialiste (gynécologue, obstétricien, pédiatre, etc). Selon Zena il y a une vraie demande d’information dans les pays du Levant sur ces sujets. La start-up cherche actuellement à lever des fonds pour lancer en 2014 une nouvelle fonctionnalité : la e-consultation sur rendez-vous, via visio-conférence. Dans les cartons, une application mobile, qui pourrait voir le jour en 2015. Pourquoi investir au Moyen-Orient ? La réponse de cette entrepreneuse de 28 ans est convaincante : « Les pays arabes sont encore une région vierge au niveau des start-ups, investir là-bas, c’est y mettre un pied avant les autres ». D’autant plus que le marché de la E-santé est en plein boum, cette 10e édition du Web l’a montré, avec de nombreux projets portés sur le bien-être, la télé-médecine, ou l’information des patients.