Portraits
Mitsou revisite le concept des dim sum, les raviolis chinois
Publié le 10 mai 2011 à 09:00
Par Alix Foriel
Avec Mitsou, le concept de restauration rapide eurasienne inventé par Sébastien Blondeau, 35 ans, les idées reçues sur la cuisine chinoise partent en fumée. Dans ce restaurant du 8ème arrondissement de Paris, on déguste des raviolis vapeur (dim sum) sains et savoureux, le tout dans une ambiance branchée.
Mitsou revisite le concept des dim sum, les raviolis chinois Mitsou revisite le concept des dim sum, les raviolis chinois© Olivier Malingue
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Il y a dix ans, Sébastien Blondeau passait des nuits blanches à travailler dans une banque d’affaires à Londres. Diplômé en 1999 de l’école de commerce European Business School, il passe 5 années à élaborer des fusions acquisitions dans le secteur financier. Mais le jeune homme s’ennuie. « J’ai arrêté car je voulais créer mon entreprise, et développer des concepts de distribution, » explique-t-il.
Première étape : une marque d’épicerie fine espagnole avec des produits gastronomiques comme le Pata Negra (jambon ibérique). Sébastien vise le marché chinois, plus ambitieux, mais plus facile d’accès que la France. « En 3 mois j’ai pu m’installer dans le plus grand centre commercial de Hong Kong, j’y ai appris deux métiers, détaillant et grossiste, et j’ai découvert ce que c’est de gérer une entreprise avec 6 salariés, » raconte Sébastien.
Une expérience qui lui sert lors de son retour en France en 2009. Sébastien élabore alors son nouveau concept, Mitsou, en hommage à sa mère eurasienne. L’entrepreneur est naturellement sensible à la cuisine asiatique qu’il considère « saine et conviviale », et s’inspire d’une chaîne de restauration à Londres dont le produit phare est le dim sum, le ravioli vapeur chinois. « Ce concept, je l’ai créé en décalage avec les problèmes d’image que subissent les restaurants chinois en France, » précise Sébastien, qui a réalisé lui-même l’étude de marché et le business plan en amont. Pendant un an, il cherche un fonds de commerce à Paris et finit par trouver le bon emplacement, 45 m2 de surface commerciale près d’une artère prestigieuse à Paris dans le 8ème arrondissement.
Côté financement, c’est la déception. « Les organismes publics de garantie bancaire, à savoir Oséo et Siagi, n’ont pas cru dans mon concept ni dans mon expérience à l’étranger, déplore Sébastien, or sans leur caution aucune banque n’accepte de prêter de l’argent ». Le créateur de Mitsou vend sa voiture, investit toutes ses économies, et fait appel à des fonds privés pour réunir 430 000 euros au total.
Pour élaborer sa carte, Sébastien embauche Rosa Sakulwongsa, une chef eurasienne de 28 ans qui concocte des plats originaux, à mi chemin entre l’Asie et le terroir français. Trois autres personnes complètent l’équipe : un chef de cuisine, un commis et un employé polyvalent.
Le 6 décembre 2010, Mitsou ouvre donc ses portes, avec succès. Plus de 100 clients se pressent chaque jour à l’heure du déjeuner en semaine : clientèle de bureau et résidents apprécient aussi le prix modéré du panier moyen (11 euros). Et puis Mitsou participe d’une vraie tendance : trois autres concepts de restauration autour du dim sum ouvrent leurs portes à Paris en même temps.
Au bout de 5 mois d’exploitation, l’entreprise est déjà profitable. Mais son fondateur reste prudent. « La plus grosse difficulté dans le secteur de la restauration rapide, c’est la gestion des pertes, explique-t-il. Il faut donc cuisiner sur place afin de coller aux ventes ». Autre défi : minimiser le temps d’attente des clients, sachant que toute l’activité se concentre en 1 heure 30.
Conséquence, Sébastien n’est pas encore sûr de pouvoir se verser son salaire de gérant tous les mois. Pour assurer l’avenir de Mitsou, il doit trouver des relais de croissance, et prévoit donc d’ouvrir le soir, effectuer des livraisons à domicile, développer un service de plateaux repas aux entreprises, et lancer la vente de produits dérivés. Car ce dont Sébastien rêve secrètement, c’est que le dim sum chinois connaisse le même succès que le sushi japonais, voire le dépasse !

Le CV de Sébastien Blondeau
3 décembre 1975 : naissance à Paris, 14ème
1999 : diplôme de l’European Business School (EBS) à Londres
2004 : départ à Hong Kong, lancement d’un concept d’épicerie fine ibérique
2009 : retour en France
6 décembre 2010 : ouverture de Mitsou, 3 rue du Commandant Rivière, Paris 75008

Ses 3 conseils
-Trouver le bon emplacement
- Privilégier la cuisine aux techniques d’assemblage pour minimiser les pertes et augmenter les marges
- Savoir gérer une équipe

Retrouvez tous les lundis nos portraits de créateurs dans Le Parisien Economie

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Mots clés
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