Contrairement à d'autres métiers plus institutionnels, celui de doubleur ne demande pas de formation précise, sinon celle d'un bon comédien. Car c'est un seul et même métier, et Bernard Métraux souligne que « le doublage n'est qu'une branche du métier d'artiste dramatique ».
Notre doubleur commence le théâtre au lycée, prend part à quelques stages de jeu d'acteur. Il se fait alors remarquer et on lui propose alors de participer à des spectacles professionnels. « Je ne suis pas passé par le conservatoire, mais monter tôt sur scène m'a obligé à me confronter tout de suite au public et à ses réactions ». Il fait du café-théâtre, du boulevard… « À part la marionnette, je crois que j'ai tout fait dans ce métier ».
En 1985, la 5e chaîne est rachetée et programme pléthore de séries américaines… qu'il faut doubler. Les rares professionnels du doublage ne sont pas suffisants, et de nouvelles voix sont recrutées, notamment au théâtre. Et au lieu de commencer avec des voix d'ambiance comme c'est en général le cas quand on débute dans le métier aujourd'hui, notre comédien se frotte directement au doublage de grands rôles.
En plus du cinéma, il a aussi doublé des séries télévisées et animées, des jeux vidéo et des publicités. Et concrètement, comment ça se passe un doublage ? On vous l'explique en vidéo :
- Bob Harris (Bill Murray) dans Lost In Translation (qu'il double depuis à peu près 15 ans)
- Lester Burnham (Kevin Spacey) dans American Beauty
- Ordralfabétix dans le dessin animé Astérix et les Vikings
- Korben Dallas (Bruce Willis) dans Le Cinquième Élément
- Malky (Peter Appel) dans Léon
- Mr. Somme dans 1001 pattes
- Horatio Caine (David Caruso) dans Les Experts à Miami
On n'a pas résisté à l'envie de demander à notre doubleur de nous faire quelques répliques, à commencer par celles de Korben Dallas.
Le quotidien du doubleur
Quelques anecdotes sur les coulisses du monde du doublage :
- S'il y a « beaucoup d'appelés et peu d'élus », les doubleurs sont en général mieux payés que dans les autres branches du métier. Et c'est peut-être pour se venger qu'on dit que les doubleurs sont « les ringards de la profession »...
- En doublant Javier Bardem dans Dancers Upstairs, Bernard Métraux a été confronté à un vrai défi. L'acteur parle la plupart du temps en langue quechua dans le film en anglais, et ces passages ont été gardés dans la version française. Le doubleur a donc du coller le plus possible à la tessiture et à la tonalité de la voix de Javier Bardem pour que le spectateur n'entende pas la différence. Pour que l'illusion soit parfaite, la voix est parfois « pitchée » (retravaillée) ensuite en studio. La doubleuse de Milla Jovovich dans Le Cinquième Élément a eu le même problème ; Lilou Multipass parle une langue inconnue au début du film, un « langage yaourt » improvisé par l'actrice américaine...
- La plupart des grands acteurs étrangers ont leur doubleur français attitré. Ainsi, pas de Julia Roberts sans la voix de Céline Monsarrat. Pourtant, Robin Williams a deux doubleurs différents en alternance. Sylvester Stallone a quant à lui été doublé par un premier comédien pour la série des Rambo, Alain Dorval, et a depuis une nouvelle voix française pour tous ses autres films. Pourtant, quand on entend sa marionnette aux Guignols de l'info, elle a bien les sonorités d'outre-tombe d'Alain Dorval. Comme quoi, on s'attache vite à une voix.
Si la plupart du temps le comédien ne modifie pas sa voix naturelle pour un doublage, certains se créent une voix pour un personnage - comme c'était le cas d'Alain Dorval pour Rambo. Mais une voix de composition peut vous coller à la peau, comme le raconte Bernard Métraux…
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