Vous êtes rentrés une fois avec Yves, votre collègue. Depuis, les langues se délient et les imaginations se débrident pour inventer des histoires polissonnes dans votre dos. « Il parait qu'ils l'ont fait dans le local de la photocopieuse en gardant des preuves », révèlera une stagiaire. Anecdote qui, au fil du téléphone arabe, risque bien de se transformer en acrobaties classées X dans l'ascenseur. Non, vraiment, pour éviter les regards moqueurs et les ragots sulfureux, soyez discrète.
Si votre coup d'un soir « pro » venait à se savoir, vous ne manqueriez pas de vous faire épingler dans n'importe quel cas. Avec un subordonné ? Abus de pouvoir ! Avec un supérieur ? Promotion canapé ! Impitoyables, vos collègues ne manqueront pas de persifler allègrement sur votre dos. Même avec un collègue qui serait au même niveau que vous, vous n'éviterez pas le lynchage sur la place publique de la machine à café. Car malheureusement, les préjugés ont la vie dure et les stéréotypes persistent : une femme aux « mœurs légères » est durement considérée par les autres…
Craquer pour un de ses collègues ne fait pas de vous une slut (une « salope »), non. Pourtant, dans l'imaginaire collectif, les clichés existent toujours. Et si Michel du 3e écope d'un simple statut de séducteur, vous pourriez de votre côté passer pour la fille facile de service, aussi injuste que ça puisse être. Pire : les femmes aux mœurs libérées sont considérées comme moins compétentes, selon une étude de l'Université Cornell, aux États-Unis. Pour éviter que votre sexualité débridées n'entrave votre carrière, une solution : miser sur la discrétion.
Un flirt au bureau peut se révéler très excitant dès lors qu'il est caché. Pensez mail internes NSFW (« not safe for watching »), sous-entendus en réunion et regards à la dérobée dans l'open space. Finalement, de quoi faire remonter la température. Vous qui peiniez à mettre un pied hors de lit pour aller travailler arrivez maintenant en avance le lundi matin. Nota bene : faites bien attention à ne pas vous tromper de destinataire lorsque vous enverrez ce mail annonçant que vous ne portez pas de sous-vêtements.
Ce job, vous vous êtes battue pour l'avoir : vous savez mettre vos compétences en avant et menez votre carrière de front. Avec votre aura d'autorité et vos tenues de working girl parfaite, vous êtes un peu un exemple pour vos collègues… Jusqu'à ce qu'on vous entende susurrer, mielleuse, au détour d'un couloir : « Mon gros chachat tu m'as manqué toute la matinée. » Perte de crédibilité totale : si vous vous saviez humaine et dotée d'un petit cœur qui bat, vos collègues l'avaient oublié. Ou comment passer du rôle de la tête pensante de l'entreprise à celui de la fleur bleue nunuche.
Tout s'ébruite rapidement, vous le savez. Il est estimé qu'un secret, au sein d'une entreprise, est répété à 2,7 personnes. Autant dire que même si vous ne l'avez dit qu'à votre voisine de bureau, la nouvelle se rependra comme une traînée de poudre. Donc choisissez : soit vous ne le dites à personne ou soit vous le dites à tout le monde. Mais avez-vous vraiment envie que tous vos collègues soient au courant de vos batifolages ?
Victoria Houssay
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