Vous vous réveillez le matin plein d'entrain, prêt à bouffer le monde et, enfin, à abattre la liste de choses à faire scotchée à votre frigo, sans jamais y parvenir ? Il y a de fortes chances pour que vous procrastiniez, du latin " pro " (" en avant ") " crastinus " (" du lendemain "). " Voilà c'est ça, je suis atteint de procrastination ", vous dites-vous maintenant certainement, soulagé de pouvoir mettre un mot sur ce mal qui vous ronge, et que vous préférez considérer comme incurable. C'est pourtant là que vous vous trompez. Car, ainsi que l'explique le coach Michaël Ferrari dans son livre " Stop à la procrastination, c'est malin "*, la procrastination ne fait pas partie de vous comme un pan inaltérable de votre personnalité. Cela n'est qu'un symptôme de votre mauvaise gestion du temps dont il va vous falloir trouver la cause.
Parmi elles, on trouve dans le désordre et de manière non hiérarchisée :
- La minimisation de l'importance et de l'urgence de vos projets (en gros, si une voiture vous fonçait dessus, vous ne vous poseriez pas 100 fois la question avant de bouger vos fesses),
- La peur du changement (faire un bilan de santé, prendre ce fameux rendez-vous avec votre boss, passer votre permis, faire un régime... autant d'événements qui bouleverseraient vos petites habitudes, ce qui ne vous enchante guère),
- Le perfectionnisme (vous êtes du genre à vous dire que refaire du sport sans en faire deux heures par jour ne sert à rien, et donc ne faites rien),
- Le désir de préserver votre estime personnelle (car oui, remettre au lendemain, c'est éviter le risque d'échouer... mais aussi de réussir, mais ça vous ne vous le dites pas).
L'objectif, pour vous guérir de cette addiction à la procrastination, va être de déterminer ces causes, ainsi que les situations qui invariablement vous font remettre à plus tard, afin de vous défaire progressivement de cette mauvaise habitude, comme un fumeur de sa clope post-café.
Pour ce faire, il vous faudra également focaliser sur les bénéfices, puisque bien souvent votre procrastination vous aura fait perdre de l'argent (abonnements en tous genre jamais résiliés) ou même un peu de votre santé à cause du stress généré par ces nuits d'angoisse passées à lister tout ce que vous n'avez pas fait.
Last but not least, vous devez, comme si vous entrepreniez un régime, être réellement prêt à changer. Votre salut passera par des étapes difficiles, et vous devrez souvent forcer votre nature pour remettre sur de bons rails votre faculté à gérer ces tâches quotidiennes que vous n'arrivez plus à caser dans un planning digne de ce nom. Un désir tiède vous mènerait tout droit à l'échec. Notez dès lors votre désir de réussite sur une échelle de 1 à 10, acceptez de faire des efforts et suivez ces conseils.
Et n'oubliez pas que pour décoller, une fusée consomme plus de la moitié de son carburant simplement pour s'extraire de la gravité terrestre...
C'est parti.
1. Focalisez vos efforts sur des objectifs simples et immédiats. Décomposez vos objectifs en étapes et concentrez-vous uniquement sur le prochain objectif, un à la fois (courir, c'est 1/ enfiler votre tenue de sport 2/ mettre vos chaussures 3/ courir pendant les 30 premières secondes...).
2. Listez ce que vous devez faire en un jour, puis en une semaine, et faites un point entre ce que vous avez réalisé et votre liste de départ. Si l'écart est trop grand, c'est que vous ne savez pas jauger ce qui est réaliste pour vous. Or, plus l'écart est grand, plus vous risquez de vous enfermer à nouveau dans la procrastination.
3. Bloquez systématiquement 1 heure par semaine pour travailler sur le projet qui vous tient à coeur, sans sortir votre sempiternel joker " je n'ai pas le temps " (excuse irrecevable à partir de maintenant. Vous avez bien le temps de traîner sur les réseaux sociaux ou les sites d'infos n'est-ce pas ?).
4. Ne vous engagez pas hâtivement auprès d'autrui, mais prenez le temps de réfléchir à la réalisation potentielle ou non du projet proposé (même s'il s'agit de remplacer l'ampoule de la salle de bains avant la fin de la journée).
5. Comptabilisez le temps que vous passez sur chaque tâche. C'est fastidieux certes, mais avec l'habitude, tout sera bientôt enregistré directement dans votre tête comme par enchantement.
6. Listez chaque fois que vous sentez que vous allez craquer les avantages/inconvénients à reporter ou bien à passer à l'action.
7. Coupez le Wifi.
8. Consultez vos emails à des horaires définis (une, deux, trois fois par jour par exemple, mais pas de manière continue).
9. Lorsque vous décidez de vous laisser un temps donné pour réaliser une tâche, programmez l'extinction de votre ordinateur. Cela devrait vos passer l'envie de filer voir des lolcats.
10. Faites tomber les limites mentales (celles qui envahissent votre esprit et vous poussent à l'inaction : " Je manque de temps ", " Je ne l'ai jamais fait ", " les boîtes qui marchent, après tout, ça n'arrive presque jamais ", " Je suis trop vieux pour changer "...). Étendez au contraire votre zone de confort en acceptant de vous mettre en danger.
11. Établissez des rétro-plannings en partant de la date butoir de votre projet.
12. Surestimez toujours le temps que vous allez mettre à la réalisation d'une tâche (multipliez par 2, voire par 3). Vous éviterez la déception, et pourrez pallier les impondérables qui font trébucher tout procrastineur qui se respecte.
13. Offrez-vous des récompenses. Soyez une mère pour vous-même (soyez indulgent, cessez de culpabiliser et surtout, de viser la perfection).
14. Adoptez la règle du report unique, comme pour les rendez-vous (une fois mais pas deux).
15. Adoptez la stratégie d'engagement positive : protégez-vous de vous-même en vous engageant volontairement auprès de quelqu'un afin de ne pas enterrer vite fait bien fait toutes ces bonnes résolutions à peine ce papier lu et cet onglet refermé !
Pour ce faire, dites-vous non pas " demain, j'arrête (de remettre à demain) " mais " maintenant, je m'y mets ". Chiche.
A partager avec tous vos compagnons d'infortune.
* Stop à la procrastination, c'est malin, par Michaël Ferrari, aux éditions Leduc