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Le diabète chez l’enfant : comment diagnostiquer et traiter la maladie qui progresse ?
Publié le 16 décembre 2010 à 14:00
Par Fanny Griessmer
Au quotidien, ils doivent s’injecter de l’insuline et mesurer leur glycémie après chaque repas. Un rituel contraignant pour des enfants atteints d’une maladie qui progresse, et, non sans risque, souvent diagnostiquée tardivement. Rencontre avec le Docteur Cécile Raverdy, endocrinologue et diabétologue pédiatrique.
Le diabète chez l’enfant : comment diagnostiquer et traiter la maladie qui progresse ? Le diabète chez l’enfant : comment diagnostiquer et traiter la maladie qui progresse ?© iStockphoto
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Terrafemina : Quelles sont les particularités du diabète chez les enfants ?

Docteur Cécile Raverdy : Il existe plusieurs types de diabète. Celui des enfants est généralement celui de type 1. C’est un diabète dans lequel  le pancréas ne fabrique plus d’insuline. Le mot diabète veut dire trop de sucre dans le sang. Or, la seule hormone capable de faire baisser le sucre dans le sang, c’est l’insuline. Dans le cas d’un diabète de type 1, les cellules appelées « béta » qui fabriquent l’insuline sont détruites. Il faut remplacer (le rôle) du pancréas qui n’en fabrique plus.
On ne naît pas avec le diabète de type 1. On ne peut pas dire non plus qu’on l’attrape puisqu’il ne s’agit pas d’une maladie contagieuse. Ce n’est pas génétique –j’ai ce gène donc je suis diabétique- mais il existe une prédisposition dans les gènes. Après, il y a des facteurs environnementaux qui vont ou non déclencher la maladie. Mais ils nous échappent encore. Il y a probablement un rôle joué par l’alimentation, la pollution, l’hygiène, le mode de vie…

TF : Les enfants diabétiques sont-ils des enfants qui ont mangé beaucoup trop de sucre avant de déclarer la maladie ?

Dr C.R : Ce n’est pas leur faute, les pauvres ! Ce n’est pas parce qu’ils mangent trop sucré qu’ils sont diabétiques. Le traitement est indispensable même lorsque l’on est à jeun, le pancréas retient l’insuline. Or, on a besoin d’insuline en permanence, même lorsqu’on ne mange pas, et bien sûr, d’autant plus lorsqu’on mange. Dans le cas d’un diabète de type 2, le mécanisme n’est pas le même puisque le pancréas continue à fabriquer de l’insuline mais cette insuline n’arrive pas à remplir son rôle ; la barrière de la graisse l’en empêche. C’est un diabète, dit de l’âge mûr, que l’on a lorsque l’on est en surpoids ; chez les enfants (comme chez les adultes), il est la conséquence directe de mauvaises habitudes alimentaires.

TF : Est-il vrai que de plus en plus d’enfants souffrent de diabète ? Et pourquoi ?

Dr C.R : Ils sont en effet de plus en plus nombreux à déclarer la maladie : de type 1, en raison d’une « épidémie » d’obésité chez les enfants, et de type 2 également, mais on ignore toujours les raisons d’une telle progression. Le nombre d’enfants diabétiques a doublé en 20 ans et risque de connaître la même progression durant les vingt prochaines années.

TF : Comment détecte-t-on le diabète chez les enfants?

Dr C.R : Ce sont des symptômes très particuliers. Les enfants se mettent à boire et uriner beaucoup. Ils mangent beaucoup mais pourtant maigrissent. Aucune autre maladie a de tels effets chez le malade. On est très vigilant avec cela car lorsqu’un enfant urine beaucoup, le médecin a tendance à penser qu’il s’agit d’une infection urinaire et non pas du diabète. L’Association des jeunes diabétiques a d’ailleurs lancé une campagne d’alerte pour sensibiliser le grand public aux premiers signes du diabète.

TF : Comment la maladie apparaît-elle ?

Dr C.R : Les cellules du pancréas sont détruites progressivement. Dès lors qu’elles ne sont plus assez nombreuses, les symptômes apparaissent, l’insuline n’est plus produite en quantité suffisante. Cet état s’installe en l’espace de quinze jours, ce n’est donc pas « brutal » à proprement parler.
Lorsqu’on manque d’insuline, et donc de sucre (nécessaire pour fournir de l’énergie aux cellules) le corps va aller puiser ailleurs pour se fournir de l’énergie, et notamment dans le gras. Le problème c’est qu’en allant puiser dans le gras, il va fabriquer de l’acétone : de l’acidité dangereuse pour l’organisme. Dès lors que l’acétone est produite, le coma diabétique peut survenir très rapidement. Urgent !

TF : Quel traitement administre-t-on à l’enfant une fois le diagnostic posé ?

Dr C.R : On commence directement les injections d’insuline sous la peau, en faisant un pli, avec des aiguilles toutes petites, de 4 millimètres. On ne sait hélas pas encore donner l’insuline autrement. Les injections se font plusieurs fois : matin et soir pour les plus petits et avant chaque repas pour les plus grands afin d’anticiper la montée de sucre.

TF : Les enfants diabétiques peuvent-ils avoir une vie « normale » ?

Dr C.R : On se bat pour que ces enfants vivent normalement. C’est compliqué parce que le diabète fait peur. Il y a des écoles qui se sont très bien adaptées avec des infirmières qui pratiquent le dextro (contrôle du taux de sucre à partir d’une goutte de sang du doigt) ou les injections d’insuline, d’autres non. Les sorties scolaires peuvent être difficiles à gérer aussi. C’est compliqué, mais si la maladie est bien équilibrée, l’enfant diabétique peut vivre comme n’importe quel autre enfant.

TF : Doivent-ils suivre un régime alimentaire ?

Dr C.R : Ce n’est pas un régime en tant que tel. Il faut avoir une alimentation équilibrée, en un mot, ce que tout le monde devrait faire. Manger des féculents, des légumes à tous les repas, ne pas manger de produits trop sucrés et ne pas grignoter.

TF : Et peuvent-ils faire du sport ?

Dr C.R : Il n’y a aucun souci à ce niveau si ce n’est d’être vigilent car lorsque l’on fait trop de sport, ça fait baisser le sucre. Les muscles utilisent le sucre. Le risque, c’est que l’enfant se mette en hypoglycémie et fasse un malaise.

TF : Quels sont les risques si l’on ne suit pas correctement le traitement ?

Dr C.R : Si l’on oublie de faire la piqûre, le sucre va monter, et si on ne surveille pas le dextro, on peut ne pas s’en rendre compte parce qu’il n’y a pas de signes particuliers. On peut avoir une vie tout à fait normale, faire vraiment ce que l’on veut –très peu de métiers sont interdits aux diabétiques- mais il y a toujours la nécessité de contrôler son taux de sucre et de se faire des injections d’insuline pluri quotidiennes.

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