Les femmes entretiennent dans leur grande majorité une relation complexe avec leur corps. Poitrine trop ou pas assez généreuse, fesses trop ou pas assez rebondies, hanches trop ou pas assez larges, jambes trop petites ou trop longues, ventre, cuisses, bras : la liste des récriminations est interminable. En 2013 déjà, un sondage exclusif Terrafemina-CSA-20Minutes (réalisé dans le cadre de l'Observatoire Dans le miroir des femmes) révélait que seules 42% des Françaises étaient satisfaites de leur corps, tandis que 26% confiaient carrément ressentir du mécontentement ou de la frustration en croisant leur reflet dans le miroir.
Mais ce rapport délicat au corps n’est pas propre aux Françaises. Preuve en est le projet photographique We.Women imaginé par trois Lituaniennes. À travers cette initiative bienveillante, la photographe Neringa Rekašiute, la journaliste TV Beata Tiskevic et la spécialiste en communication Modesta Kairyte entendent encourager les femmes à s’aimer et à s’accepter avec leurs défauts, mais souhaitent aussi dénoncer les diktats de la beauté qu’imposent les magazines de mode et les médias en général.
« Qu’est-ce qu’une belle femme ? », interroge interroge la photographe sur son site Internet, avant de déplorer le fait que les médias soient « remplis d’images tentant de représenter ce vers quoi la femme parfaite devrait tendre. La sexualisation et la standardisation du corps féminin dans les médias a des conséquences directes et négatives sur la société. L’objectivation des corps incite la société à se focaliser sur l’apparence physique des femmes au lieu de voir leur personnalité et leurs sentiments dans leur globalité », constate-t-elle. Et de poursuivre : « Résultat, une femme sur deux n’est pas satisfaite de son corps. Un mal-être qui entraîne de nombreux problèmes de santé psychologiques et physiques ».
Aussi, afin de faire reculer ce phénomène et pour mener à bien leur projet, Neringa Rekašiute, Beata Tiskevic et Modesta Kairyte ont invité des femmes à témoigner leur mal-être sur Facebook et ont retenu les 12 internautes. Le résultat est une galerie de 12 portraits, non-retouchés, en noir et blanc dans lesquels les volontaires posent en sous-vêtements et face à un miroir. Et si certaines sourient et font fièrement face à leur reflet, d’autres semblent indifférentes ou, pire, ne se regardent pas.
« Chaque femme a partagé une histoire touchante et personnelle. Elles ont dû surmonter des expériences physiques et mentales comme le vitiligo, l’anorexie, la boulimie, la dépression, le cancer du sein, l’auto-mutilation ou encore des critiques sur leur surpoids ou à l’inverse sur leur maigreur », détaille la photographe Neringa Rekašiute. « Ce projet nous montrent les nombreuses et profondes cicatrices de notre société », conclut-elle.