La Commission Européenne autorise, à compter du 1er juin 2013, l'utilisation de farines animales pour nourrir les poissons d'élevage. Une décision inquiétante et jugée scandaleuse par de nombreux acteurs de l'alimentaire dont les bouchers et les consommateurs. Les farines animales ravivent en effet de bien mauvais souvenirs, notamment la crise de « la vache folle », une apocalypse alimentaire due au recyclage de cadavres d'animaux à l'origine la maladie de Creutzfeld-Jacob.
Si Stéphane Le Foll approuve cette fin de l'interdiction des farines animales, la ministre de l'Ecologie Delphine Batho « en pense le plus grand mal » et réclame la création d'un label « sans farine animale ». Les motivations qui ont nourri ce retour aux farines animales est économique. Acculés par l'augmentation du prix des céréales et la réforme de la pêche qui limite la quantité de petits poissons destinés à la consommation, les pisciculteurs attendent cette levée de l'interdiction avec impatience.
Quelques jours après l'éclatement du scandale de la viande de cheval, l'inquiétude est notamment liée à la fiabilité et à la transparence des circuits de production de ces farines d'origine animale. En 2011 seulement, un rapport de l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation) s'était opposée à la réintroduction des farines animales en déclarant « que les conditions permettant une utilisation sécurisée des protéines animales transformées (PAT) ne sont pas, à ce jour, totalement réunies ». « L'étanchéité » des filières inquiète également l'association de consommateurs CLCV : « le scandale de la viande de cheval a mis en lumière les lacunes majeures de nos systèmes de contrôle (…) Face à un tel fiasco, l'urgence n'est pas d'alléger les mesures de sécurité sanitaire mais d'examiner comment les renforcer ». L'organisme de défense réclame donc « un audit global et transparent sur la traçabilité et les contrôles alimentaires en Europe afin d'en identifier les failles ».
Salima Bahia
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