Catherine Grangeard* : Bien sûr. C’est une nouvelle folie qui s’inscrit dans la droite ligne des régimes proposés depuis dix ans. À chaque saison sa mode. En tant que psychanalyste j’observe ce même principe d’espérer qu’une solution miracle puisse tomber du ciel, et un refus du principe de réalité : contrôler son poids et le maîtriser implique une responsabilité à plein temps et non deux jours par semaine. Notre corps et le même du lundi au dimanche, soyons sérieux.
C. G. : Certaines personnes fragiles qui veulent perdre du poids vont en effet adhérer et appliquer ce régime à la lettre, et ils vont aggraver leur situation initiale. Leur corps va s’habituer à la famine des deux jours, et va stocker davantage les cinq autres jours. Sur le long-terme l’échec est garanti, or l’estime de soi souffre de ce genre d’échec. Je pense qu’il faut amener les gens à décrypter les modes et à se poser les bonnes questions : est-ce que je conseillerais cette méthode à mes enfants ? Le principe de déstructurer mon alimentation peut-il être bon pour moi ?
C. G. : C’est la famine même. Même à 1200 calories par jour les gens au régime peinent à tenir… Si l’on pense aux personnes qui ont tendance à compenser avec la nourriture, c’est tout à fait excessif. Je pense globalement qu’il faut faire entrer dans la tête des gens que l’excès ne peut pas être bon pour le corps : le passage d’un excès de calories à une sous-alimentation est forcément dangereux pour l’organisme.
C. G. : Ce qui est mauvais, c’est de passer de trop à trop peu. Il faut considérer qu’à l’époque où les religions ont mis en avant le jeûne, il n’y avait pas l’abondance alimentaire qui règne à notre époque. Le jeûne était moins violent et on passait sans doute de 1500 à 500 calories… Aujourd’hui, comment peut-on imaginer passer de 3000 à 500 calories d’un jour à l’autre ?
C. G. : C’est autre chose que de s’affamer. L’idée d’éviter par exemple le gras ou la malbouffe pendant deux jours est tout à fait judicieuse, surtout qu’elle peut profiter à tout le monde. Quand on décide de ne pas manger ou de ne manger que certains aliments on tombe dans l’excès, et on s’exclut de son entourage, de sa famille ou de ses amis.
*Catherine Grangeard est psychanalyste et spécialiste de l'obésité. Dernier ouvrage paru « Comprendre l’obésité. Une question de personne, un problème de société », Albin Michel, 2012.
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