« Elle est grosse, Marion Bartoli ». C’est cette phrase assassine, lâchée en 2010 au micro d’Europe 1, par un Marc-Olivier Fogiel persuadé d’être hors-antenne, qui fit qu’aujourd’hui, lorsque vous tapez « Marion Bartoli » dans Google, le moteur de recherche vous propose comme première occurrence le mot « grosse ». En outre, hormis cet abject faux pas, nombre de forums sont consacrés au poids de la sportive comme « Marion Bartoli ou le tennis sans esthétisme », l’un des premiers résultats proposés.
Le site « Sport vox » avait vu ses membres aller si loin dans l’insulte physique à l’encontre de Bartoli qu’il avait été « contraint » (selon ses propres termes) d’offrir un droit de réponse à la joueuse. Dans sa lettre ouverte aux cruels « sportvoxiens », par ailleurs fort bien écrite, la jeune femme exprime son ras le bol face aux critiques incessantes dont elle fait l’objet depuis son arrivée sur un circuit devenu, il est vrai, très proche du défilé de mode.
« Désolée que la WTA ne soit pas peuplée uniquement de Sharapova, Ivanovic, Dementieva ou autres jolies plantes de 185 cm aux jambes de lianes. J’ai à la rigueur envie de vous conseiller, compte-tenu de vos standards, de suivre les défilés de mode sur les chaînes glamour comme E-entertainment ; vous y trouveriez certainement davantage votre compte. », lâche-t-elle, pleine d’amertume.
Fogiel oublie son micro : elle est grosse... par thony911
Déjà, en 2010, Bartoli s’était plainte que les sponsors lui préfèrent ses consoeurs au physique de top model :
« Je suis onzième mondiale et j'achète toutes mes tenues moi-même. [...] C'est la politique des sponsors. Nike a décidé d'investir 75 millions de dollars sur Maria Sharapova. J'ai eu un contact avec une marque française fin 2007. Ils m'ont demandé d'expliquer mon projet, ce qui me semblait assez surréaliste. Ils ne m'ont jamais rappelée. Je ne suis peut-être pas assez blonde, pas assez mince, pas assez grande, je ne sais pas." Si beaucoup arguent que son mauvais caractère pourrait en réalité être la cause du désamour entre Bartoli, son public et les éventuels sponsors, qu’en est-il de son jeu ?
Culminant à 1,70m pour 63 kg, on ne peut pas dire non plus que Marion Bartoli frôle l’obésité morbide. Certes, Sharapova enregistre fièrement 59 kg pour 1,88 m mais n’est pas ovni qui veut. Xavier Moreau, préparateur physique de l’Equipe de France de Fed Cup, répondant à 20 Minutes, « a vu des qualités de force maximale et d’endurance [chez la jeune femme], avec notamment une consommation d’oxygène qui est très bonne » après les tests physiques. Néanmoins, il tempère malgré tout son propos en concédant qu’une « Marion plus affûtée se déplacerait encore plus vite. »
Aujourd’hui, à 14h, Marion Bartoli a rendez-vous avec l’Histoire. Face à Kristen Flipkens, la Belge, elle jouera une place en finale de Wimbledon, l’un des tournois les plus prestigieux du tennis mondial. Si elle l’emporte, il ne lui restera alors plus qu’une marche à gravir pour réitérer l’exploit d’Amélie Mauresmo, vainqueur en 2006.
Gageons que si Bartoli parvient à brandir la Coupe sur le gazon britannique, elle ne sera plus la « grosse » mais bien la « grande » Marion.
Mise à jour du 6/07/2013
Marion Bartoli a remporté Wimbledon 2013 le 6 juillet 2013 en battant Sabine Lisicki en deux petits sets 6-1 / 6-4. Pourtant, l'écrasante victoire sportive n'a pas empêché John Inverdale, un journaliste de la BBC, d'accompagner l'événement d'une réflexion sexiste sur le physique de la joueuse :
« Pensez-vous que le père de Bartoli lui a dit quand elle était petite : "Tu ne seras jamais un canon, tu ne seras jamais une Sharapova, donc tu dois t'accrocher et te battre ?" », a-t-il demandé à ses auditeurs.
Depuis, la BBC a présenté ses excuses au nom de son journaliste.
Qu'il semble long, le chemin...