Joëlle Manighetti : Cette longue réunion a été plus ou moins productive, compte tenu des problèmes d’organisation, de décompte et de prise en charge qui se posent. La Direction Générale de la Santé (DGS), l’Institut national du cancer (Inca), l’Assurance maladie, les associations de victimes et les chirurgiens ont tenté de s’accorder sur un mode d’organisation des opérations d’explantation des prothèses PIP. Les chirurgiens se demandent en effet comment ils vont faire face à cela. S’ils acceptent d’opérer un maximum de patientes, et de réduire leurs honoraires pour les actes de réimplantation, ils ne pourront pas faire cela toute la journée, au risque de déposer le bilan au bout de deux mois. Une solidarité régionale pourrait donc d’organiser pour répartir les patientes entre praticiens.
J. M. : Ce qui est certain pour le moment c’est que seules les femmes opérées de la poitrine à la suite d’une chirurgie cancérologique bénéficieront d’une prise en charge intégrale pour le retrait et la pose de nouveaux implants. Pour les autres, la question de la création d’un fonds d’indemnisation des victimes a été posée par Dominique Courtois, président de l’Association d’aide aux victimes d’accidents corporels (AAVAC), qui l’avait obtenu pour les victimes du Mediator. Dans cette escroquerie industrielle, ce sont finalement la collectivité et les chirurgiens, victimes eux aussi, qui vont payer. Une réflexion a été amorcée pour tenter de trouver un mode d’indemnisation.
J. M. : D’après ce qui a été dit lors de la réunion, une liste d’établissements pouvant prendre en charge les femmes porteuses de prothèses PIP doit avoir été mise à disposition par les toutes les agences régionales de santé (ARS) à partir du 6 janvier. Un numéro de téléphone dédié doit être mis en place dans chaque ARS, pour permettre à toutes les femmes de trouver une clinique ou un centre conventionné par la Sécurité sociale pour prendre rendez-vous en vue d’une opération.
J. M. : Le problème, c’est que de nombreux chirurgiens esthétiques pratiquent dans des centres non conventionnés, or pour être remboursées, les femmes devront se diriger vers des établissements conventionnés. Il est donc question de permettre à un certain nombre de chirurgiens d’aller opérer en hôpital ou clinique conventionnés, ne serait-ce que pour ne pas se priver d’un grand nombre de praticiens disponibles.
J. M. : Nous ne savons pas si de nouvelles analyses ont été lancées, mais l’Afssaps a par ailleurs précisé que lors de leur visite dans les laboratoires PIP en 2010, tous les types de prothèses analysés contenaient du gel frelaté. Il semble qu’aucune prothèse n’était conforme, et que toutes les données présentées étaient falsifiées, et la composition des prothèses régulièrement modifiée.
Par ailleurs, une enquête épidémiologique va être lancée par l’Inca et l’Inserm, qui consistera à suivre la cohorte des femmes explantées et en particulier celles qui auront subi une rupture des prothèses, pour étudier les effets à long terme de ces produits.
J. M. : En effet une demande a été adressée aux autorités de certification européenne pour revoir la réglementation des dispositifs médicaux. Il s’agit d’éviter d’autres scandales avec les différentes sortes de prothèses –pacemaker, prothèse de hanche, etc.-, qui sont seulement soumises à certification, et non à une autorisation préalable de mise sur le marché comme c’est le cas pour les médicaments.
Le site du Mouvement de défense des femmes porteuses d’implants et de prothèses
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