Remplacer les médecins libéraux dans les déserts médicaux par des médecins de l’hôpital public, telle est l’une des propositions chocs qui figurent sur la plateforme de mesures envoyées aux candidats à la présidentielle par la Fédération Hospitalière de France (FHF), porte-voix de l’hôpital public. Son président, Frédéric Valletoux, a déclaré devant la presse que « La FHF entre en campagne », forte d’un programme collectif préparé depuis six mois. Et ses propositions risquent de faire du bruit. Afin de remédier au problème structurel de la désertification médicale en milieu rural ou dans certaines banlieues, la FHF propose que des médecins hospitaliers - ou recrutés par l’hôpital pour cette mission - prennent en charge les cabinets fermés par leurs confrères libéraux, ou assurent des visites au domicile des patients. La fermeture d’un cabinet dans ces zones du vide constitue la plupart du temps un drame social pour des habitants qui avaient tissé des liens sur plus d’une décennie avec leur médecin généraliste.
Certes, « l’hôpital n’est pas un attrape-tout » a rappelé Gérard Vincent, secrétaire général de la FHF, mais il faut bien trouver des solutions pour maintenir une médecine de proximité dans ces zones qui attirent peu les jeunes médecins et laissent les cabinets sans successeurs. L’accès aux soins égal pour tous est un principe fort que la FHF compte bien maintenir. On « n’a pas le droit de continuer à vivre avec un système qui dans certains cas se dégrade », rappelle M.Vincent. La FHF innove sur la question des déserts médicaux : jusqu’ici, la classe politique évoquait plutôt le levier de mesures coercitives ou incitatives pour attirer les médecins libéraux. Ceux-ci risquent de ne pas apprécier la proposition, ni la ponction budgétaire qui l’accompagne. Car la FHF suggère de prendre des crédits sur l’enveloppe consacrée à la médecine de ville. Hors de question pour le Dr Michel Chassang, le président de la CSMF – premier syndicat des médecins libéraux – qui a fustigé devant l’AFP « une ingérence totalement insupportable et incompréhensible ». « Ce qu’il faut, c’est diminuer l’enveloppe hospitalière et non l’inverse », rétorque-t-il.
Autre nerf de la guerre public-privé, la convergence tarifaire entre les prestations des hôpitaux et celles des cliniques, dont M. Vincent souligne la propension à privilégier les activités les plus rentables : « la moitié du chiffre d'affaires des cliniques est réalisé avec 17 tarifs », sur un total de 2.300, rappelle-t-il. La FHF souhaite donc l’arrêt de la convergence tarifaire, « une ineptie » étant donné le spectre qualitatif et quantitatif des missions de l’hôpital public, par rapport aux cliniques privées. Cette convergence des tarifs du public, généralement facturés plus chers à l'Assurance maladie, avec ceux du privé, est un objectif du gouvernement mais a été plusieurs fois reporté.
Élodie Vergelati
Avec AFP
Crédit photo : Brand X Pictures
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