Xavier Deau : Ces produits ne sont pas davantage contrôlés car, jusqu’ici, aucun problème de sécurité sanitaire n’avait été relevé. Les produits de comblement des rides, hors botox, sont considérés comme des « dispositifs médicaux » et ne suivent donc pas le même cheminement, en termes d’encadrement, que les médicaments. Ainsi, ils ne sont pas soumis à une autorisation de mise sur le marché, comme c’est le cas pour les substances médicamenteuses, mais sont sous l’autorité d’une directive européenne qui attribue, ou non, le label CE (Communauté européenne). Toutefois, il ne s’agit que d’un label de fabrication et en aucun cas il n’assure la tolérance de la substance, ou son acceptation, par le corps humain.
Mais l’affaire des prothèses mammaire PIP nous a permis de mettre le doigt sur les dérives éventuelles de ces dispositifs médicaux. Par ailleurs, un rapide inventaire a révélé que 110 produits de ce type étaient commercialisés en France. La question de la sécurité des produits d’injection est aujourd’hui prise très au sérieux par le ministère de la Santé et par l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire) qui entend s’assurer de la sécurité des personnes ayant recours à ces substances
X. D. : Aux États-Unis, le processus de validation de ces produits passe par la Food and Drug Administration (FDA) qui, à l’image de l’Afssaps en France, est chargée de la sécurité des médicaments outre-Atlantique. Le cheminement est donc similaire à celui auquel sont soumis les médicaments et seules quatre à cinq substances de comblement des rides y ont été autorisées.
En France, le ministère de la Santé a exigé que, désormais, ces dispositifs médicaux offrent la même sécurité aux patients que les médicaments. L’Afssaps travaille d’ailleurs d’ores et déjà à la mise en place d’une procédure lui permettant d’évaluer les éventuels effets indésirables de ces produits puis d’en encadrer et d’en contrôler la commercialisation. Un processus qui devrait être instauré dans le courant de l’année.
X. D. : Ils sont principalement constitués d’acide hyaluronique, une substance naturellement fabriquée par le corps humain. Bien sûr, les injections en contiennent une densité bien supérieure à celle produite par l’organisme afin de pouvoir combler les rides. Toutefois, il n’existe pas 110 types d’acide hyaluronique ; nous entrons alors dans des considérations mercantiles…
X. D. : Un texte de la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » stipule que les injections antirides doivent être pratiquées par un médecin formé. Cet article de loi devait être suivi par un décret qui n’a, à ce jour, toujours pas été promulgué.
Au-delà des querelles de chapelle opposant dermatologues, chirurgiens esthétiques et spécialistes de la médecine anti-âge, entre autres, qui revendiquent tous le droit de réaliser ces injections, l’Ordre national de médecins s’est penché sur la question dès 2004. Nous souhaitons que seuls les professionnels de santé ayant validé un protocole, suivi un enseignement spécifique validé par la Haute Autorité de santé (HAS) puissent pratiquer ces injections.
X. D. : Il faut savoir qu’il existe trois grand types de produits de comblement des rides : les substances non-résorbables, semi-résorbables ou résorbables à long terme. Les risques concernent davantage cette dernière catégorie. Dans de rares cas, les injections peuvent être suivies de granulomes, d’infections, de rougeurs ou autres réactions inflammatoires. Mais pas d’alarmisme, ces situations sont rares car les injections sont généralement réalisées par des professionnels expérimentés.
Crédit photo : Creatas
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