S'en remettre au pouvoir de l’image, c’est la stratégie adoptée par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) pour interpeller les candidats à la présidentielle et imposer un débat sur l’euthanasie. L’association qui milite depuis trente-deux ans pour que chaque citoyen français « puisse choisir les conditions de sa propre fin de vie, conformément à ses conceptions personnelles de dignité et de liberté » lance officiellement mercredi une campagne-choc. Basée sur un photomontage, celle-ci présente Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Marine Le Pen à l’agonie sur un lit d’hôpital, avec perfusions et cathéters. « M. le candidat, doit-on vous mettre dans une telle position pour faire évoluer la vôtre sur l’euthanasie ? », tel est le slogan lancé à ces trois candidats hostiles à la légalisation de l’euthanasie.
Interrogé par le site 20minutes.fr, le président de l’ADMD Jean-Luc Romero explique ce plan de communication par la nécessité de traiter l’euthanasie non plus comme une question médicale mais comme une question citoyenne, pendant les campagnes présidentielle et législative.
Dans un entretien accordé au Figaro Magazine début février, le président Nicolas Sarkozy s’était prononcé contre une évolution législative sur ce sujet : « L'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à notre conception de la dignité de l'être humain. La loi Leonetti est parfaitement équilibrée ». Lors d’un entretien le mois dernier à l’hebdomadaire Le généraliste, François Bayrou avait manifesté une satisfaction semblable à l’égard du cadre fixé par la loi Leonetti, expliquant qu’elle permettait d’éviter « deux écueils (…) : d'un côté, l'acharnement thérapeutique et, de l'autre, l'euthanasie qui porte un risque non négligeable de comportements contraires à nos valeurs ». Cette loi de 2005 interdit le fait de donner délibérément la mort tout comme l’acharnement thérapeutique déraisonnable, et laisse le malade ou, le cas échéant, le médecin, après consultation collégiale, décider du caractère déraisonnable des traitements. François Hollande est, lui, favorable à une « assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité », soumise à des conditions strictes, selon une déclaration sur Europe1.fr de Marisol Touraine, chargée des questions sociales dans l’équipe du candidat socialiste. Tous les candidats à la présidentielle seront d’ailleurs invités au rassemblement organisé le samedi 24 mars à Paris par l’ADMD pour réclamer une loi légalisant « l’aide active à mourir », comme elle existe déjà aux Pays-Bas, en Suisse, en Belgique ou au Luxembourg.
Élodie Vergelati
Le site de l’ADMD
(Sources : ozap.com, 20minutes.fr, lefigaro.fr, francesoir.fr, europe1.fr)
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