Selon des informations du Journal du Dimanche, plusieurs essais cliniques ont été retrouvés lors de perquisitions effectuées au siège du laboratoire Servier, pourvant que le Mediator a été testé sur des êtres humains comme coupe-faim.
Le JDD a cité des extraits de trois rapports médicaux réalisés entre 1968 et 1973, dont il a obtenu une copie. D’après le journal, sur un de ces documents rédigé en septembre 1971 après des essais sur 64 personnes obèses, on pouvait lire : « Le 780 SE (ou Mediator) peut être considéré comme un anorexique des plus satisfaisants et mérite d'être retenu comme adjuvant des plus précieux dans le traitement de l'obésité ».
Un deuxième document atteste également que l'introduction de ce produit « nous paraît un progrès certain dans la thérapeutique de l'obésité », après avoir été expérimenté sur 31 sujets. Dès 1968, un document du même type évoquait « 62,5% d'excellents résultats » dans des « cures d'amaigrissement » réalisées « grâce à cet anorexique ».
Le Journal du Dimanche résume, donc, que « contrairement à ce que Servier a toujours affirmé jusqu'à présent, il a bel et bien fait tester son médicament par de nombreux spécialistes de l'obésité humaine au cours des années 1970 ».
Le groupe n’a pas tardé à réagir dans un communiqué transmis à l'AFP, où il affirme que, « contrairement à ce qui est écrit, les laboratoires Servier n'ont jamais caché avoir fait des essais cliniques pour tester l'effet anorexigène du Mediator ». En outre, le groupe affirme que « c'est justement l'analyse des essais dans leur globalité qui n'a pas permis de conclure à l'activité anorexigène chez l'homme ».
D’après Servier, les essais commentés par le JDD ont été mis à disposition des enquêteurs, « comme beaucoup d'autres documents démontrant le contraire et sur lesquels ils ont demandé à être interrogés par les juges d'instruction ».
« Dans les années 1970, si le groupe Servier avait eu entre les mains un coupe-faim d’une telle efficacité, pourquoi ne l'aurait-il pas mis sur le marché ? », a commenté de son côté Me Hervé Temime, l'avocat du patron fondateur du laboratoire Jacques Servier, cité dans le JDD. Ces produits « n’étaient frappés d’aucune interdiction à l'époque, bien au contraire », a-t-il ajouté.
Le Mediator contient une molécule coupe-faim, le benfluorex, qui a été indiqué pendant trente ans, d'abord contre l'excès de graisses dans le sang, puis comme traitement adjuvant chez les diabétiques en surpoids, avant d'être retiré du marché fin 2009. Largement prescrit pour maigrir et utilisé par 5 millions de personnes en France, ce médicament est à l'origine de graves lésions des valves cardiaques et pourrait être responsable d'au moins 500 à 2.000 décès.
Un premier procès pénal dans cette affaire se tiendra du 14 mai au 6 juillet devant le tribunal correctionnel de Nanterre.
Alexandra Gil
Sources : AFP
Crédit photo : AFP
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