Il devait sortir de prison vendredi, mais sa liberté imminente vient de lui échapper. Jean-Claude Mas, le fondateur de l’entreprise de prothèses mammaires PIP, à l’origine d’un scandale sanitaire, a été placé en garde à vue, hier matin, par les gendarmes de la section de recherches de Marseille (Bouches-du-Rhône).
Incarcéré le 6 mars dernier, faute d'avoir versé la caution prévue dans le cadre de son contrôle judiciaire, l’ex-entrepreneur de 73 ans a été extrait de sa cellule pour être auditionné sur le volet financier de l’affaire PIP et plus précisément sur des soupçons d’abus de biens sociaux, recel d'abus de biens sociaux, banqueroute frauduleuse et blanchiment. Les enquêteurs sont en effet persuadés que le septuagénaire a organisé depuis des années son insolvabilité pour échapper à la saisie de son imposant patrimoine.
Mais pour Maître Yves Haddad, son avocat, cette nouvelle mise en examen est un procédé « étonnant et machiavélique ». Dans les colonnes du journal Le Parisien, il explique ainsi que son client « a été entendu toute la journée mais n’a pas souhaité répondre aux questions des gendarmes : il considère qu’il s’agit d’une cruauté judiciaire, rappelle que pendant ces quatre mois de détention, il était à la disposition des enquêteurs et que l’on aurait donc pu tranquillement l’interroger », explique-t-il. Et d’ajouter : « de plus, le fait d’attendre la veille de sa libération dénonce une attitude peu humaine et peu juste ». Et pour cause, le juge Pierre Philippon, qui instruit ce volet de l’affaire, pourrait demander dès jeudi une nouvelle incarcération, de quatre mois, de Jean-Claude Mas. Claude Couty, l’ancien bras droit du fondateur des prothèses défectueuses a également été entendu, hier, par les gendarmes marseillais et placé en garde à vue. « Il apparaît dans de nombreux montages occultes mis en place par Jean-Claude Mas », confie une source judiciaire.
Pendant dix ans, de la fin des années 2000 jusqu'au retrait, début 2010, des prothèses du marché français ordonné par les autorités sanitaires, Jean-Claude Mas a commercialisé des prothèses mammaires remplies d’un gel de silicone fait maison en remplacement d'un gel médical homologué. En France, 30 000 femmes seraient porteuses d’implants mammaires de la marque Poly Implant Prothèse (PIP), 400 000 à 500 000 dans le monde.
Crédit photo : AFP
Implants mammaires PIP : des taux de rupture largement sous-estimés
Les victimes des prothèses PIP attaquent le ministère de la Santé
Prothèses mammaires PIP : les victimes manifestent à Paris
Prothèses mammaires : Edwige, premier décès d'une victime PIP