Du 22 au 27 juillet, Washington accueille la 19e conférence internationale sur le SIDA. En ouverture de la séance plénière sur « La fin de l’épidémie du sida », une vidéo a été diffusée, demandant l’accroissement des efforts pour mettre au point un vaccin, développer la prévention et l’accessibilité au dépistage. L’auteur n’est autre que François Hollande. Le président français, représenté aux Etats-Unis par Marisol Touraine, ministre de la Santé et des Affaires sociales, et Geneviève Fioraso, ministre déléguée pour l’Enseignement supérieur et la Recherche, a souhaité préciser l’utilisation de la taxe sur les transactions financières, initiée par Nicolas Sarkozy. « Nous voulons créer des financements innovants, supplémentaires, c'est le sens de la taxe sur les transactions financières que mon pays a décidé de mettre en place dès le 1er août. Au sommet du G20 et de Rio, j'ai proposé d'élargir cette taxe à l'échelle de l'Europe et du monde de façon à ce que nous puissions verser des sommes nouvelles à la lutte contre le Sida », a rappelé M. Hollande.
Il a aussi insisté sur le rôle de la jeunesse, un des leitmotiv de sa campagne, dans le combat pour vaincre la maladie.
Le Truvada, au cœur de la polémique
En autorisant la commercialisation du premier médicament antirétroviral pour les personnes séronégatives à quelques jours de ce sommet déterminant, la FDA (Food and Drug Administration) a mis le feu aux poudres. Entre les anti et les pro-Truvada, la bataille fait rage alors que tous se battent dans le même but : éradiquer ce fléau vieux de 30 ans. Si les détracteurs craignent la banalisation du virus avec des médicaments qui font office de vaccin et qui font de l’ombre au préservatif, seule protection contre toutes les maladies sexuellement transmissibles (MST), les autres louent cette avancée historique dans la lutte contre la propagation du SIDA.
L’association Act Up-Paris s’est clairement positionnée contre cette commercialisation, accusant même le laboratoire Gilead, à l’origine du Truvada, de négliger les recherches scientifiques au profit d’un lobbying intense : « Laisserons-nous encore longtemps les lobbys du médicament dicter leurs règles à notre communauté, au mépris de notre santé ? ». Si pour l’instant l’autorisation n’a été accordée que pour les Etats-Unis, des pilules de Truvada circuleraient déjà sous le manteau dans le Marais, célèbre quartier gay de Paris, pour la modique somme de 20 euros la dose. La route vers un vaccin fiable s’annonce donc encore longue et sinueuse.
Les femmes principales cibles du virus en Afrique
Un collectif de femmes baptisé Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH/sida (ICW) souhaite également alerter les différents pays présents à Washington : « Il est temps maintenant que, face au SIDA, les femmes prennent le pouvoir ! », ont-elles harangué près du lieu de la conférence. Forte de 15 000 membres, l’association ICW a constaté qu’il est plus difficile pour les femmes de lutter contre la maladie : en Afrique, plus de 60% des séropositifs sont des femmes.
Tant sur le plan biologique – les muqueuses vaginales sont plus exposées – que sur le plan personnel – « Dans la grande majorité des cas, les femmes sont contaminées dans le cadre du mariage. Leurs maris ont souvent plusieurs partenaires mais elles n’ont pas le moyen d’imposer l’abstinence ou de négocier l’usage du préservatif » –, les femmes sont en première ligne d’après Jeanne Gapiya, cofondatrice de l’Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du SIDA au Burundi et membre de l’ICW. C’est d’autant plus vrai quand elles tombent enceintes et qu’elles doivent alors protéger leur enfant pour éviter la transmission du virus. Pour elles, une seule façon de faire progresser la lutte : faire entendre leur voix à la conférence.
Laure Gamaury
(Sources : la-croix.com, lejdd.fr)
Crédit photo : IAS/Steve Shapiro -Commercialimage.net
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