Les cernes sous les yeux ne sont pas l’apanage des internes en médecine mais sont souvent un signe de reconnaissance : en France, ils sont 21 000 à exercer cette profession transitoire dont 80% dans les hôpitaux. Selon une étude parue lundi 10 septembre dans Le Parisien, la situation des médecins internes est préoccupante en matière de repos et de rémunération.
S’appuyant sur les réponses de 5872 questionnaires distribués entre le 16 mai et le 20 juin à cette « main d’œuvre corvéable et bon marché pour faire tourner les hôpitaux », l’étude interpelle l’Isnih, le principal syndicat d’internes, qui tire la sonnette d’alarme. Il rappelle que la législation européenne qui limite à 48 heures le travail hebdomadaire n’est quasiment jamais respectée puisqu’en moyenne, les médecins internes assurent entre 60 et 70 heures de garde par semaine, Limoges, Strasbourg et Clermont-Ferrand étant les plus mauvais élèves. Or selon l’Isnih, « le repos de sécurité (11 heures à l’issue de chaque garde de 24 heures) est utile pour protéger patients et médecins ».
Les internes sont bien conscients de ce problème puisque 15% des interrogés avouent même avoir commis des erreurs avec certitude et 39% n’en sont pas sûrs mais se doutent que leur état de fatigue a pu nuire au traitement d’un patient. Les spécialités les plus touchées par cette surcharge de travail nuisible aux malades seraient la chirurgie, la gynécologie-obstétrique, la cardiologie, la médecine physique et la réadaptation.
En outre, un tiers des internes interrogés assurent ne pas être payés pour les gardes et les astreintes supplémentaires, un fonctionnement totalement hors-la-loi selon l’Isnih. L’étude se termine sur un autre chiffre alarmant : environ 70% des internes avouent ne pas pouvoir suivre les deux demi-journées universitaires par semaine obligatoires dans leur formation.
Laure Gamaury
Crédit photo : iStockphoto
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