Marion Larat a été victime en 2006 d’un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l’a laissée lourdement handicapée. Cette jeune femme accuse la pilule de 3e génération Meliane, qu'elle ingérait quotidiennement depuis quatre mois, d’être à l’origine de ses importants problèmes de santé. Selon Le Monde, elle doit porter plainte ce vendredi 14 décembre auprès de la procureure de Bobigny en Seine-Saint-Denis pour « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine » contre les laboratoires pharmaceutiques allemands Bayer qui fabriquent ces pilules de 3e et de 4e génération telle Jasminelle, Meliane, Convuline ou encore Belanette.
La plainte est également dirigée contre le directeur de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui malgré les risques avérés n’a pas, en vertu du principe de précaution, retiré la pilule incriminée du marché. En effet, en juin 2012, la commission régionale de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux de Bordeaux a admis « l'imputabilité de l'AVC à la prise de la pilule ». Me Jean-Christophe Courbis, également défenseur de 2500 victimes dans l’affaire du Mediator, est l’avocat de Marion Larat. Il s’interroge sur le maintien de ces contraceptifs en France : « Pourquoi les pilules de troisième génération, qui sont plus coûteuses, plus dangereuses et pas plus efficaces que les précédentes, demeurent-elles sur le marché ? »
Les parents de la jeune femme et d’autres proches de victimes ont été reçus en septembre par Marisol Touraine, la ministre de la Santé, qui s’est alors empressée d’annoncer le déremboursement des pilules de 3e génération. Cette décision, applicable à partir de septembre 2013, a aussi été prise suite à l’avis de la commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) qui, en juin, estimait que le danger que présentaient ces pilules de 3e et de 4e génération devait conduire à leur déremboursement par la Sécu. En effet, les risques accrus de thrombose veineuse (phlébite) dus en partie à l’ajout de désogestrel, de gestodène, de norgestimate ou de drospérinone, sont connus. Pour se dédouanner de toute attaque, les laboratoires pharmaceutiques précisent les risques de ces nouveaux progestatifs dans les notices. Mais l’accident de Marion Larat a eu lieu antérieurement à l’ajout de ces précautions d’usage.
C’est la première plainte de ce type devant un tribunal pénal en France alors que des milliers de cas similaires ont déjà été recensés aux Etats-Unis, au Canada ou en Allemagne. Les laboratoires Bayer, contactés par Le Monde à plusieurs reprises, n’ont pour l’instant pas commenté l’affaire.
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