Dr Pierre Souvet : Il y a eu une évolution sur le sujet. Elles ont été classées comme pouvant être cancérigènes par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) puisque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a prouvé que les ondes électromagnétiques multipliaient les risques de tumeurs du cerveau. Et puis il ne faut pas non plus oublier leur incidence sur l’électro-sensibilité des personnes : elles sont à l’origine d’acouphènes (bourdonnements ou sifflements persistants dans les oreilles qui ne sont pas dus à des bruits extérieurs), de troubles du sommeil ou de la concentration.
Dr P. Souvet : La puissance du lobby des opérateurs est un obstacle insurmontable pour la gauche comme pour la droite. En 2005, Nathalie Kosciusko-Morizet a été la première à déposer une proposition de loi en ce sens. Et depuis, il y en a eu plusieurs. Mais à chaque fois, elles ont été abandonnées. Lors de la conférence environnementale à laquelle j’ai assisté en septembre dernier, le Medef a clairement dit à la ministre de la Santé : on ne touche pas à la 4G. Et elle a acquiescé.
Actuellement, alors qu’en Chine, la norme est à 6V/m et en Belgique à 3V/m, elle est toujours à 41V/m en France pour les GSM (norme numérique 2G). Et c’est pareil pour la 3G et la 4G. Elles sont obsolètes et devraient être revues. L’Union européenne se bat pour que la France abaisse ses limites. Mais c’est un long combat qui avance très doucement, voire trop doucement.
Dr P. Souvet : Il faut d’abord s’appuyer sur une stratégie collective en réduisant au maximum l’exposition des populations. Il est impensable d’attendre et de reproduire ainsi les mêmes erreurs qu’avec l’amiante. Actuellement, le problème ne vient pas des appareils dont la norme de compatibilité électromagnétique est limitée à 3V/m, comme les pacemakers, mais bien des antennes. Leur puissance doit absolument être réduite puis il faudra les redéployer pour une couverture optimale du territoire.
Ensuite, la responsabilisation individuelle est très importante, surtout chez les jeunes sujets puisque chez eux, les ondes pénètrent plus profondément dans la boîte crânienne. Un code de bonne conduite du téléphone portable est indispensable : plus le portable est loin de la tête, moins le cerveau est exposé aux ondes. Il faut également, comme le préconise l’Association santé-environnement France (ASEF), favoriser le kit piéton, favoriser les SMS et se méfier des téléphones sans fil à la maison. En effet, l’étude de l’ASEF a conclu que seul un tiers des jeunes interrogés avait un téléphone filaire chez eux. Enfin, il ne faut plus que les jeunes dorment avec leur portable sous l’oreiller et qu’ils évitent de le ranger dans leurs poches ou leur soutien-gorge.
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