Scandale autour des effets secondaires des pilules de 3e et 4e génération, déremboursement accéléré de lesdites pilules, retrait de Diane 35 : les polémiques sanitaires de ces derniers mois ont poussé 150 000 femmes à arrêter brutalement la prise de leur contraceptif oral depuis la fin 2012, d’après les derniers chiffres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) révélés le 25 février. De quoi alarmer les professionnels de santé qui craignent, pour certains, un accroissement consécutif du nombre de grossesses non-désirées et donc d’interruption volontaire de grossesse (IVG).
Le Professeur Israël Nisand qui avait déjà alerté sur la « panique du gouvernement » lorsque ce dernier avait décidé, précipitamment, de dérembourser les pilules de 3e et de 4e génération dès le mois de mars 2013 et non plus en septembre comme c’était prévu, confie au Figaro : « Bien sûr que le nombre d'IVG a augmenté ! Même si nous ne pouvons pas le chiffrer pour le moment, nous le constatons dans notre pratique quotidienne ». Le chef du département de gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg dénonce un nouveau dérapage du gouvernement, et notamment du ministère de la Santé, qui n’a, selon lui, pas su gérer la crise autour des contraceptifs oraux, brouillant les informations à donner aux femmes concernées : « C’est une attitude de pompier pyromane », déplore-t-il.
Bernard Hédéon, président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), confirme la crainte de l’augmentation des IVG dans les semaines à venir mains nuance ses propos : pour lui, les principaux acteurs (ANSM, ministère de la Santé, généralistes et gynécologues) auraient géré la crise au mieux.
Pour le planning familial, ces alertes sont même infondées : Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale de l’association, confie que le « pic des IVG est habituel à cette période, c'est la conséquence des fêtes de fin d'années ». Elle admet que quelques femmes se sont présentées pour une IVG après l’arrêt brutal de leur contraceptif en raison des scandales sanitaires, mais que leur nombre est très limité : « Il ne faut pas dramatiser la situation ». Elle ajoute, dans les colonnes du Figaro, que ces IVG ne doivent pas être uniquement imputables aux polémiques sur les pilules de dernière génération et sur Diane 35, et plaide pour une refonte de l’information autour de la contraception ainsi qu'une véritable discussion sur la répartition de la contraception dans un couple.